Les «pauvres» veulent une conférence pour une remise de la dette

La Tribune

SHERBROOKE

LUNDI 17 JUILLET 1989

Le Sommet des Sept… Le Sommet des Sept… Le Sommet des Sept…

PARIS (AFP) – Les participants à l’«Autre sommet économique» (TOES 89), organisé en contrepoint au sommet des sept pays les plus industrialisés réunis ce weekend à Paris, ont demandé hier la convocation par PONU d’une conférence internationale pour la remise de la dette du Tiers-Monde et une aide accrue aux pays en voie de développement.

Le TOES (The other economic summit) a réuni ce week-end, salle de la Mutualité à Paris, plusieurs forums d’études sur le développement et la démocratie, en particulier le premier «Sommet de sept peuples parmi les plus pauvres», avec des «témoins» non gouvernementaux venus du Bangladesh, du Brésil (Amazonie), du Burkina Faso, de Haïti, des Philippines, de la Mozambique et du Zaïre.

Le communiqué final de dimanche — qui ne tient pas compte de celui des Sept publié peu auparavant — fait siennes les demandes formulées par les «pauvres» et transmises samedi soir aux «sept riches» par l’intermédiaire du conseiller spécial du président français François Mitterrand, M. Jacques Attali.

Conférence d’urgence

«En particulier, dit le communiqué, nous demandons au secrétaire général des Nations Unies de réunir d’urgence une conférence internationale pour une remise générale de la dette du Tiers-Monde, l’interdiction des prêts internationaux pour les ventes d’armes et la définition de nouvelles règles économiques et financières internationales conformes à la justice sociale, à la prudence écologique, à la promotion de la dignité humaine.»

Les participants ont par ailleurs annoncé «la mise en place d’un Observatoire international et permanent des conséquences des sommets des sept pays riches et des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI».

Cet «observatoire», indépendant des gouvernements, a précisé un des organisateurs, l’économiste français Gustave Massiah, sera composé d’experts internationaux venant du Nord et du Sud et de membres de la société civile. Ayant déjà le soutien des universités de Gênes et de Berlin-Ouest (Freie Universitaet), il réactualisera, a-t-il dit à l’AFP, les propositions avancées depuis la décolonisation (Cancun, CNUCED, non alignés etc) à partir «d’expériences nouvelles à la base».

Enfin, tout en jugeant «positif» que les chefs des sept grands Etats industrialisés aient dû prendre en compte «les aspirations de la société civile» sur la dette et l’environnement, le TOES reproche aux Sept un manque d’actions concrètes ou au contraire des décisions «aux conséquences désastreuses pour les peuples du monde». D’une manière générale est dénoncé «le coût humain et écologique de modèles de développement imposés du Nord au Sud».

Caractère provocant

Le TOES se tient depuis 1984 en marge des sommets annuels des Sept. Mais cette année, les organisateurs, dont les Verts français, ont — tout comme le chanteur Renaud, organisateur d’une manifestation de protestation le 8 juillet place de la Bastille à Paris —, dénoncé le caractère «provocant» de la réunion du «cartel des sept grands aux pouvoirs discrétionnaires et planétaires» au moment même du Bicentenaire de la Révolution Française.

Samedi, Susan George, spécialiste américaine du développement, avait stigmatisé «le scandale» que constitue le transfert net de fonds du Sud au Nord (280 milliards de dollars depuis 1982) au titre de remboursement de la dette et de ses intérêts. «Il s’agit, a-t-elle dit, d’une véritable guerre», dont les conséquences désastreuses pour la production et les conditions de vie du Tiers-Monde conduisent à la mort de 500,000 enfants chaque année.

  

Source : La Tribune