Carhaix (Finistère)
Le 19 juillet 2003 à 00h00
Place à la Musique
Les Vieilles Charrues ont commencé hier, presque comme si de rien n’était. Tandis que les organisateurs ont affiché par banderoles interposées leur soutien aux intermittents, près de cinquante mille spectateurs ont pu commencer à savourer sereinement le menu musical de cette douzième édition qui se poursuit jusqu’à demain, avec notamment Zazie, Laurent Voulzy, Bénabar et REM.
Mais avant toute chose, hier soir, les Vieilles Charrues ont pris des nouvelles de Renaud. En bon vieux copain, en survivant sorti de l’enfer de la bouteille, le « chanteur énervant » poursuit sa quête de rédemption. Hier, à Carhaix, le public massif et hystérique lui a encore une fois tout pardonné. A commencer par cette voix approximative, déraillante, souvent incapable de dominer la puissance sonore de ses musiciens. Mais avec son numéro schizophrène de « Docteur Renaud, Mister Renard », rabâché chaque soir, tout passe, même des versions laborieuses de « Déserteur » ou de « Marche à l’ombre ». Et les spectateurs ont fait le reste, portant à bout de bras et de voix le chanteur, reprenant en chœur les paroles de « Marchand de cailloux », « Dès que le vent soufflera » ou « Manhattan-Kaboul ». Un concert fusionnel qui a balayé toute tentative de critique musicale.
Moment de communion
Avant ce triomphe, c’est sous un soleil de plomb que Salif Keita a fait vivre au festival son premier moment de communion, en milieu d’après-midi. Peu enclin aux bavardages, le légendaire Malien albinos n’a pas lâché un mot au public. Entouré de onze musiciens et choristes, il a préféré communiquer via la danse et le chant. Carhaix s’est alors laissé emporter dans un concert crescendo qui a fait monter une température déjà très élevée.
Juste après, des « laï laï laï » ricanant sortaient des rangs, en attendant l’arrivée sur scène d’Enrico Macias. C’était sans compter sur le savoir-faire de l’intéressé. Un petit mot pour la Bretagne, un autre pour les intermittents, un tacle à destination du gouvernement. De quoi se mettre tout le monde dans la poche. Au premier ou deuxième degré, les Vieilles Charrues ont chanté à gorge déployée « Enfants de tout pays » ou « les Filles de mon pays », avec cette fois des « laï laï laï » pour de vrai. Le triomphe surprise de cette première journée. On avait même du mal à l’arrêter, notre Enrico, dont la dernière chanson résonnait encore alors que les Pretenders entamaient leur concert sur la grande scène. Un groupe ou plutôt une chanteuse, Chrissie Hynde, qui, après vingt-cinq ans de carrière, fait vivre la formation sur son seul nom. Jean délavé, tee-shirt noir, l’éternelle rockeuse, malgré 51 printemps, est venue vérifier que son capital sympathie n’avait pas faibli. Elle est repartie rassurée.
Le festival des Vieilles Charrues jusqu’à demain à Carhaix. Places : 23 la journée.
Tél. 0.820.890.066. Complet aujourd’hui.
Sources : Le Parisien et le HLM des Fans de Renaud