Lolita Roger (en)chante Renaud

Achronique Magazine

30 juillet 2020

JÉRÉMY ATTALI

En quarante dessins originaux et autant de textes, Lolita Roger retrace dans son dernier livre « Chetron d’amour » la jolie légende de Renaud.

Un trait léger, des couleurs peaufinées à l’aquarelle : la dessinatrice nous invite à revivre le parcours musical et la légende éternelle d’un artiste connu et reconnu. Bouleversée très jeune par l’œuvre d’un chanteur qui a marqué l’histoire de la musique autant qu’une époque, Lolita assume son trait sincère et artistiquement naïf, qui ne fait rien d’autre que coller à la manière dont elle voit les artistes. Entretien avec une trentenaire fraîchement installée à Paris, qui compte bien récidiver au plus vite, toujours à coups de crayons. 

 

Tes livres sont des déclarations d’amour dessinées et rendent hommage à des musiciens qui, on imagine, ont fait partie de ton quotidien.
Je baignais dans une ambiance assez rock de par mes parents. Je me souviens d’Elvis Presley ou Johnny Hallyday que l’on écoutait à la maison. Plus tard, au collège ou au lycée,  je sais que je ne me sens pas totalement à ma place avec les jeunes de mon âge. J’avais d’autres goûts musicaux : la valse musette, le jazz ou la musique des années 60, avec ce que l’on appelle alors les Yéyés. Suite à un problème de santé à mes 15 ans, je me retrouve déscolarisée et je découvre alors Renaud. Je l’avais entendu brièvement un tout petit peu avant, grâce à une prof de musique qui nous avait fait travailler sur It is not because you are et Laisse Béton. Son franglais m’a épatée, cette histoire d’amour un peu foutue mais géniale… Dans la foulée sort son album « Boucan d’Enfer » : j’ai alors l’impression que quelqu’un parle mon langage, ou plutôt comprend le langage non-parlé. Renaud est humaniste autant qu’abîmé; il est en opposition perpétuelle avec la pensée dominante de l’époque. J’entends ses critiques sur le système scolaire, j’adhère à ses idées quand il prend partie pour les animaux, l’écologie… Son côté engagé me parle immédiatement. 

Cette découverte semble en amener d’autres, comme celles de Brassens ou Gainsbourg ?
Grâce à un album de reprise de Renaud, je découvre ensuite Georges Brassens. Un ex petit-ami m’avait offert l’album puis Gainsbourg arrive en effet dans la foulée car, même si je le connaissais déjà, j’approfondis vraiment son œuvre à ce moment-là. A cette époque je dessine déjà, mais pas dans l’idée d’en faire quelque chose plus tard ! Je gribouillais chaque jour, en copiant un petit peu le trait que l’on retrouve dans Titeuf ou Le Petit Spirou. J’aimais la foule de détails un peu planqués que l’on retrouve en fouillant sur ces planches. Il est normal de copier un peu, quand on se cherche. Mais je ne suis pas consciente que le dessin va prendre une si grande place dans ma vie…

Si s’inspirer des autres à ses débuts reste plus ou moins logique, ta patte arrive réellement quand tu te lances dans tes dessins sur Gainsbourg.
En écoutant ses chansons, je vois des images, des couleurs, c’est ensuite de l’interprétation de ma part. Concernant Renaud et Gainsbourg, l’amour que je leur porte fait que j’ai envie d’en faire plusieurs dessins. Pour d’autres, ce ne sera qu’un seul, pour une seule chanson.

En cloque ©Lolita Roger

Source : Achronique Magazine