L’ombre de lui-même

Le Journal de Montréal

RICHARD MARTINEAU
Jeudi, 5 juillet 2007 22:54
MISE À JOUR

Je suis présentement à Québec, et je viens de voir Renaud en spectacle au Festival d’Été.

J’aime Renaud. Tout le monde aime Renaud.

Mais Dieu…. où est passée sa voix? Le bonhomme fausse comme ce n’est pas permis…

Renaud est extrêmement sympathique, il a écrit des chansons exceptionnelles (Mistral Gagnant, Morgane de toi, Miss Maggie, En cloque…), mais je préfère l’écouter sur disque.

Qui sait? Il ne faut peut-être pas voir ses idoles vieillir…

J’ai ressenti une immense tristesse en écoutant Renaud. J’étais content d’être là, j’avais l’impression de revoir un vieil ami que j’avais perdu de vue depuis longtemps, mais… merde, que le temps est cruel.

Sa voix — ravagée par l’alcool et la cigarette — est l’ombre de ce qu’elle a été. il a de la difficulté à se souvenir des paroles de ses tounes!

Cela dit, quelles chansons! Et puis, merde, il était là, sur scène! Renaud!

Je me souviens, il y a plusieurs années de ça, j’avais dit à un ami cinéaste (Jacques Drouin, pour ne pas le nommer), que je trouvais les derniers Fellini (Ginger et Fred, Et la nave va) pathétiques.

« Peut-être. Mais quand Fellini parle, on se tait », m’a-t-il dit.

Il avait parfaitement raison.

Un mauvais Renaud, c’est quand mieux que beaucoup d’autres chanteurs, non?

  

Source : Le Journal de Montréal