Jeudi 31 octobre 1991, page 39
Renaud
Marchand de cailloux
Souvenirs de cour de récréation, lecture commentée de l’actualité, indignations irrépressibles (le Paris-Dakar, la Feria de Nîmes), un coeur de midinette qui bat sous le blouson de cuir : la composition d’un disque de Renaud est aussi prévisible que celle des Malabar. Et, comme pour les chewing-gums, il faut continuer la liste des ingrédients jusqu’au bout : voix blanche qui n’en finit plus d’exagérer ses tics de fleur de petite ceinture, substituts de mélodies, trucs d’écriture recyclés des albums précédents. Dans le rôle du colorant, on est allé chercher l’Irlandais Pete Briquette, ancien Boomtown Rats, collaborateur de Bob Geldof. Briquette a choisi l’option celtique : mandoline et violon, accordéon et banjo. Le tout très propre, rien à voir avec les chevauchées éthyliques de Pogues. On se demande ce que Renaud vient faire ici, cet univers celte tout propre, new age presque, ne fait que mieux ressortir l’impasse dans laquelle le chanteur essaie de faire demi-tour. S’il faut remarquer quelque chose, on retiendra la déclaration de désamour à François Mitterrand (Tonton), mais Mylène Farmer avait coiffé Renaud sur le poteau avec Désenchantée, sorti à temps pour le 10 mai dernier.
Source : Le HLM des Fans de Renaud