MARDI 22/05/2018 à 08H25
Il sera au Silo avec un nouvel album où il évoque les migrants…et Balkany
Il avait un côté sage, grave, un peu austère, dû à son accident peut-être en 1997 où, âgé de 20 ans, il avait plongé dans une piscine pas assez remplie. Vertèbres abîmées. Mais aujourd’hui, on le découvre plus dynamique, rebelle, presque va-t-en-guerre. C’est Patrick Balkany qui a dû s’en rendre compte, lui qui est au cœur d’un titre de Grand Corps Malade, Patrick, où le slameur revisite le passé sulfureux du maire de Levallois-Perret :
« Blanchiment de fraude fiscale, et déclaration mensongère, Corruption, Panama papers, j’oublie sûrement quelques affaires. »
Le Fabien Marsaud nouveau est arrivé. L’artiste parisien, qui s’est introduit bien involontairement dans ce Grand Corps Malade, débarque à Marseille, dans le cadre de sa tournée, avec un 6e album Plan B. Depuis 2006, il y a eu Midi 20 (2006), puis Enfant de la ville (2008), 3e temps (2010), Funambule (2013), Il nous restera ça (2015). Entre deux enregistrements, il a empoché deux Victoires de la musique, s’est essayé au cinéma aussi avec Patients, quatre fois nominé aux derniers César. Puis il y a donc eu Plan B, l’album où le titre Patrick est comme nominé, sur chaque scène de France, pour remporter la victoire des plus vibrants applaudissements. Mais la petite guérilla verbale du slameur parisien ne s’arrête pas au parvis d’une mairie. Non, Fabien construit son slam sur des drames autrement plus importants, comme celui des migrants qu’il évoque dans Feu rouge :
« Après trois mois d’périple dans toutes sortes d’embarcations,
Elle a souvent cru que la mort serait la seule destination,
Comme lors de cette nuit noire au milieu d’la mer Egée,
Dépassée par les vagues d’un bateau bien trop léger. »
Des réfugiés mis en avant en chanson
Le répertoire de Fabien navigue sur une actualité qui ne le laisse pas indifférent. « On les appelle les réfugiés sans trop savoir de qui on parle, déclarait-il récemment. L’idée c’était de leur redonner un peu d’humanité, un nom, une nationalité, un métier. Ça m’est venu en voyant ces gens-là au feu rouge. J’avais envie qu’on s’arrête pour voir les vies derrière les regards. »
Plan B, c’est aussi un album où il raconte sa vie, son environnement, son dernier fils dans Tu peux déjà. Il y a Acouphènes aussi où le slameur fait défiler ses souvenirs. Mais pourquoi Plan B au fait ?
« C’est le retour à un album perso comme les premiers, plutôt rythmé avec des couleurs ensoleillées, des acteurs du sud, des sonorités modernes. 15 titres, 15 univers différents. Plan B c’est pour dire que la vie est une succession de plans B. Elle ne se passe jamais comme on l’avait imaginée. Et puis ce titre, ce n’était pas ma première idée, c’est aussi un Plan B. »
Un Plan B où on remarquera que le slameur est aussi… chanteur. « J’ai commencé à chantonner sur une reprise de Renaud. Petit à petit, ça donne du relief. » Un Plan B qui drainera peut-être au Silo quelques élèves du Lycée Charles Péguy à qui il avait rendu visite, l’année dernière, pour présenter son film Patients. Patient comme ce Grand Corps malade qui aura dû attendre près de deux ans pour retrouver l’usage de ses jambes. Et devenir le plus célèbre des slameurs français.
Source : La Provence