Marseille : Renaud, le « Phénix » « Toujours debout »

La Provence

 

L’artiste est au Dôme, ce soir et demain, pour un retour qui vaut le détour

Par Philippe Faner

Après dix ans de silence, Renaud reprend à 64 ans le chemin de la scène avec son « Phénix Tour ». Il fait étape aujourd’hui et demain à Marseille, poursuivant son long périple.
PHOTO YANN ORHAN

Personne ne se serait aventuré, dix en arrière, à parier un seul kopeck sur son retour sur scène. Renaud est pourtant revenu, avec un disque de bonne tenue, après avoir traversé des périodes de profonde déprime et d’alcoolisme destructeur. « Toujours la banane, toujours debout/J’suis retapé, remis sur pied/Droit sur mes guibolles, ressuscité, » clame l’artiste comme pour se rassurer, dans Toujours debout. Cette résurrection surprenante a eu un large écho auprès du public puisque le disque sorti le 8 avril dernier s’est facilement écoulé à plus de 600 000 exemplaires quelques semaines après sa sortie.

À 64 ans, le chanteur de LolaMiss Maggie ou Hexagone, semble avoir mis un terme, au moins provisoirement, à dix années d’errance, de doutes et d’apparitions furtives dans les médias avec son bien nommé Phénix Tour. Une tournée qui le conduit à honorer une cinquantaine de dates de concerts, dont deux au Dôme, à Marseille. Toujours sur le fil de l’émotion, Renaud semble avoir repris goût à la chanson si l’on en juge par les titres bien ficelés de son dernier album, le 16e de sa carrière.

Dans Les Mots, dont la mélodie rappelle un peu celle de Mistral gagnant, il évoque clairement ce pouvoir salvateur du texte : « Poèmes, chansons, brûlots/Vous ouvrent des mondes plus beaux/Des horizons toujours nouveaux/Qui vous éloignent des troupeaux ». Inspiré encore, quand il s’agit de s’adresser à son fils Malone auquel il dédie deux titres (Petit bonhommeTa batterie), ce regard attendri sur sa progéniture étant sans doute l’une des principales motivations de la renaissance du « Phénix ». Sa petite fille Héloïse (fille de Lola Séchan et de Renan Luce) a droit également a de jolis couplets dans une chanson éponyme. L’actualité est bien présente dans son dernier opus avec J’ai embrassé un flic, allusion à la marche de janvier 2015 après les attentats de Charlie Hebdo et de Hyper Cacher.

Plus de bandana rouge en évidence donc, mais des tatouages nombreux sur le corps, comme si chaque étape de sa vie, heureuse ou malheureuse, devait rester gravée sur sa peau. « Je livre mon âme dans mes chansons comme une stripteaseuse montre son cul », déclarait Renaud dans le magazine Gens du sud (mai-juin 2016). Son âme cabossée est pleine d’amour et de reconnaissance envers ceux qui l’ont tiré hors de l’eau au moment où il se noyait dans la déprime. Reste à savoir si le marathon des concerts n’aura pas raison de sa santé. Et si sa voix, déjà tellement fragile, pourra tenir la distance. On peut faire confiance en tout cas à son public pour assurer les choeurs s’il avait, un de ces soirs, une quelconque défaillance. Un Renaud renaissant. Prêt pour vivre une belle échappée.

Ce soir et demain au Dôme, à 20h. 39/49€

  

Source : La Provence