Mardi 5 novembre 1991, page 29
par Pierre Georges
MICHEL PONIATOWSKI et Renaud n’ont rien en commun. Sauf une chose : il faut qu’il cesse, ce socialisme, celui de François Mitterrrand comme celui de Tonton, que l’un détesta toujours et l’autre souhaita vivement.
Michel Poniatowski a écrit un livre pour le dire. Et il a appelé cela, avec le sens des nuances qui est le sien, la Catastrophe socialiste. Renaud a écrit une chanson pour le crier. Une chanson pas « dégueu », une chanson qu’ils doivent trouver bonne « sa gonzesse, sa fille et lui », une chanson qui renvoie le « Tonton » chéri à ses moutons, son chien et ses arbres.
Michel Poniatowski et Renaud sont venus raconter tout cela sur la Cinq à Jean-Pierre Elkabbach. Et comme celui-ci n’est pas tout à fait tombé de la dernière pluie, il s’est permis de demander à Renaud s’il n’y avait pas là un peu d’opportunisme.
Le demander à Michel Poniatowski n’était pas vraiment nécessaire. L’ancien ministre de l’intérieur qui, en connaisseur, parle d’un gouvernement « taré par les affaires », a choisi d’être délibérément, totalement et définitivement opportuniste face au Front national. Il est pour l’alliance, ou plutôt « pour les accords de gestion », ce qui revient au même. Et il l’est fermement, sûr de ses certitudes, puisque, dira-t-il modestement, « la raison c’est moi » .
Cela a au moins le mérite d’être clair. Et M. Michel Poniatowski qui ne voit d’autre voie triomphale pour l’UPF que dans l’addition « purement utilitaire » des pourcentages, n’est plus tracassé que par un point, un détail en somme. François Mitterrand a tant et tant « diabolisé » le Front national que même une âme d’acier comme le prince a un dernier scrupule. Il s’agirait de savoir si le parti aux cinq millions de suffrages est bien un parti « démocrate et républicain » .
Alors, et sans rire, M. Poniatowski père, a proposé la vérification, l’épreuve de Dieu à M. Jean-Marie Le Pen : « Je propose de lui poser publiquement la question. Etes-vous raciste, M. Le Pen ? Etes-vous antisémite ? Et d’écouter sa réponse publiquement ». Il est évident que le leader du Front National va répondre « oui ». S’il répond.
Renaud, lui, nous fait un gros chagrin d’amour. C’était couru avec, on cite, « un affreux anar gauchiste ». Déjà avec sa « guerre du Golfe », le « Tonton » père l’avait « énervé ». Et puis la social-démocratie tontonesque l’a achevé. Alors Renaud, tout rouge, tout vert, rêve que « Tonton s’en va ».
Source : Le HLM des Fans de Renaud