DiscoChronic
21 janvier 2010
Si il y avait un référendum sur les trois albums préférés de notre Renaud national, « Mistral gagnant » arriverait sans doute en tête. Onze titres dont l’alchimie ne peut que faire rêver d’abominables tâcherons, soi-disant chanteur « à texte », je ne citerai personne, qui ne pourrait sortir un disque aussi complet et riche que cet opus de Renaud. De plus, cette galette contient l’une des dix plus belles chansons jamais écrite. « Mistral gagnant » est un classique.
1- Miss maggie (4’17)
Une chanson interdite au Royaume-uni en 1985 (les anglais écoutent Renaud?…..mais ils comprennent quelque chose ?) brocarde avec délices et circonvolutions le premier ministre anglais avec un bonheur évident. Un standard passé en radio qui dégage toujours autant de bonne humeur et de joyeuse férocité jusqu’à la conclusion « Et comme réverbère quotidien, je m’offrirais Mme Thatcher ».
2- La pêche à la ligne (3’37)
Chanson humoristico-tragique ou tragico-rigolote, les paroles font mouche (comme la pêche du même nom), pauvre histoire d’un pauvre garçon qui à force de partir à la pêche voit sa femme le quitter « Sur un cheval sauvage, ils s’en vont ridicules, dehors y’a un orage, ils sont mouillés, c’est nul ». De la rime riche avec les ingrédients chers à Renaud, les belles-mères, la bière, sa fille…
3- Si t’es mon pote (4’08)
…ou l’histoire d’amitié d’un type très possessif entraînant dans ces frasques et ses délires un ami compatissant et qui se doit d’être compréhensif avec cette phrase magnifique « Faut être gentil avec moi parce ce que demain j’peux crever ». Cette chanson est très rentre-dedans avec un riff de guitare rageur digne d’un combo rock. A déguster en souriant.
4- Mistral gagnant (2’52)
La chanson de référence qui donne son titre à l’ensemble. Apprise dans les écoles, reprise avec une poignante sincérité par Vanessa Paradis et Maxime Le Forestier lors d’une soirée des « Enfoirés », cette chanson d’enfance enfuie est déroulée comme une écharpe de souvenir sur une ligne de piano volatile et brillante d’une émouvante simplicité, à l’image d’une berceuse à la valse lente. Superbe, incontournable et assez puissante pour piquer les yeux.
5- Trois matelots (4’52)
Chanson à l’architecture compliquée et subtile, permet de suivre le destin de trois engagés dans la marine. Le texte est long et se finit en une implacable diatribe sur la bêtise militaire où chacun tirera leçon de ses expériences passées avec plus ou moins de bonheur.
6- Tu vas au bal (1’18)
Petit pamphlet court au débit hallucinant amené comme une histoire drôle et se terminant de la même façon sur une chute rigolote. Assez inutile et pourtant complètement indispensable.
7- Morts les enfants (4’04)
Titre chargé d’émotions peut-être un peu facile, qui pourrait se faire l’écho de la chanson de Gainsbourg « Aux enfants de la chance », les enfants au milieu du chaos prenant les armes pour finalement se retourner contre leurs aînés. La révolution sous toutes ses formes, un thème récurrent dans l’oeuvre de Renaud. Pas mon morceau préféré, peut-être un peu trop passé en radio aussi.
8- Baby sitting blues (3’57)
Des parents qui culpabilisent en laissant leur fille aux prises avec une baby-sitter (l’histoire montrera que c’est d’ailleurs plutôt le contraire) qui n’assure pas un caramel, peut-être du vécu ? Texte drôle et inventif dans lequel beaucoup trouveront de leur propre histoire. « Baby sitting blues, baby sitting blues, c’est le blues de Maman/Papa qui s’en vont pis qu’assume pas, c’est le blues de Papa/Maman qui se demande si en rentrant çà ira ».
9- P’tite conne (3’43)
Hommage à Pascale Augier (fille de Bulle..), fauchée par une overdose. Autre thème cher au chanteur abordé ici, la drogue et ses ravages. La chanson est triste et sans appel comme un dimanche pluvieux. « P’tite conne, à ne pas vouloir vieillir on meurt avant les autres ». Tout le monde est à l’enterrement « Ton dealer était peut-être là, à respirer ces fleurs que tu n’aimerais pas, à recompter ces roses qu’il a payé le prix, de ta dernière dose et de ton dernier cri ».
10- Le retour de la Pépette (3’52)
Avec l’alternance de chansons graves et légères qui caractérise l’album, « Le retour de la pépette » donne dans le comique de bandes dessinées avec cette peinture d’une gentille fille un peu gourdasse qui décide de partir en vacances en camping « sur une plage au bord de la France ». Elle en reviendra fort déçue sur la nature humaine « Elle avait qu’à faire un peu attention et c’est tout ». Un petit bonheur musical mis en image par la verve de Renaud, suite des aventures de la même Pépette dans «Près des auto-tamponneuses ».
11- Fatigué (5’13)
Chanson désabusée sur les problèmes écologiques de la planète, encore un sujet typiquement Renaud. Des
paroles revendicatives, un constat de plus en plus d’actualité. Pas de messages d’espoir dans ce titre vert forêt et
bleu océan. L’album se termine donc sur cette note pessimiste. Si vous ne connaissez pas Renaud, n’hésitez pas à
commencer avec ce disque. Il contient quelques-uns des plus beaux titres de notre gavroche et est le reflet de la
meilleure période de l’artiste, celle où il était au sommet de son talent et de sa créativité.
Source : HLM des fans de Renaud