J’étais tranquille j’étais peinard, accoudé au flipper… Ah non, j’étais tranquille, j’étais peinard dans mon canap’ quand j’ai reçu un mail de promotion. Houlala me suis-je dis en lisant l’intitulé de cette lettre électronique.
Pourquoi houlala ? Parce que Renaud il est à moi tout seul !
S’attaquer au répertoire d’un si grand artiste est un sacré défi parait-il. Ecouter le répertoire de son idole de toujours, c’est un plus grand défi, je confirme. J’avais bien voulu tenter l’expérience avec La bande à Renaud, parce qu’il y avait Hubert-Félix qui reprenait En Cloque… Pour le reste… Je suis un fan exécrable quand on touche, quand on s’approprie ou quand on critique mon Renaud. Alors comme ça Monsieur Lune va sortir un album entièrement avec du Renaud dedans ? Et en plus, il ose dire que Renaud il est à lui tout seul… Mais voyons où va-t-on ! Moi je ne partage pas ! dis-je dans ma barbe. Puis ma curiosité m’a violemment poussé devant l’album reçu et dès la première chanson quelque chose entre nous s’est allumé. Les premières notes, les premiers mots… Deuxième génération. Si le chant reste classique sur cette première chanson, musicalement l’audace de Monsieur Lune m’intrigue. Ça passe très bien, c’est classe. Puis le choix de cette chanson me plaît. L’artiste a voulu approfondir la fibre sociale de Renaud. Un choix personnel, mais extrêmement enthousiaste pour moi. Les gueules cassées au cœur tendre, les gros durs au cœur d’artichaut, chez Renaud, ils sont vivants et passionnants. Laisse béton est dans la même veine que le premier titre, musicalement excellent ajoutant un chant cette fois-ci captivant. Dans le ton de la chanson, le récit est théâtral. Je m’attarde plus volontiers sur l’air mélancolique de La chanson du loubard. Bravo. Je suis conquis par Monsieur Lune. Double bravo pour ces envolées aériennes, des mélodies qui prennent là, au fond du ventre. Un des nombreux points positifs de cet album, c’est de pouvoir redécouvrir cette chanson, tout comme La teigne, Buffalo Débile et surtout, oh oui surtout Gueule d’aminche. Peut-être moins connues, mais des œuvres tout aussi sublimes que Mistral gagnant, Morgane de toi, Manu… Puis un truc marrant se déroule : à la première écoute de Les aventures de Gérard Lambert, je n’accroche pas du tout durant l’épilogue parlé. J’ai peur de ce que je vais découvrir, parce que cette chanson… voilà quoi… J’aime pas, je n’accroche pas, je grimace, je vais zapper lorsque la fin de l’épilogue arrive et que des guitares me harcèlent. Reste ! reste ! reste ! Une claque ! Et bam dans la tronche. Rythme nerveux, chant grave, les frissons parcourent tout mon corps. Finalement, je ne lui en veux pas à Monsieur Lune de prendre Renaud pour lui tout seul, parce que plus les titres s’enchaînent, plus certains souvenirs reviennent, plus les refrains passent, plus l’enthousiasme s’intensifie et des images surgissent. Coup de cœur également pour la belle sensibilité de La médaille, La chimie est irrésistible et donne lieu à d’autres chouettes moments de l’album, dont Je suis une bande de jeune et C’est mon dernier bal avec ses intonations de flipper. Vraiment chouette ! Et on termine avec une surprenante reprise de Les charognards, qui offre musicalement une belle harmonie, une mélodie qui vogue splendide dans cette chanson dure magnifique. Ça dépote mon pote ! Parce que c’est pas un hommage pour du flan commercial, ici ça respire l’honnêteté, la sincérité. Un vrai fan qui chante son maître. Chapeau.
Voilà, Monsieur Lune s’est fait plaisir, et moi aussi pour le coup. J’avais beau râler que personne ne pouvait et ne devait reprendre les chansons de Renaud, mais en ouvrant un tout petit peu mon esprit, j’ai trouvé là l’occasion de redécouvrir ces chansons que j’aime, enveloppées d’un joli second souffle… Bravo !
Tracklist
02 – Laisse béton
05 – Je suis une bande de jeunes
11 – Les charognards
Papa Luna Productions
Source : BREAK MUSICAL