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Pleine comme un œuf, la salle de 2 000 places de la Cité des congrès a accueilli ce mercredi le chanteur Renaud à la voix fracassée. Une prestation difficile mais portée et acclamée par ses admirateurs.
La lumière s’éteint, le rideau, sur lequel apparaissait un portrait dessiné du chanteur, s’ouvre. Le voilà dans une magnifique mise en scène, silhouettes à contre-jour, atmosphère feutrée, grâce à l’agencement sobre et efficace d’une poignée de parasols réflecteurs de lumières. Veste et pantalon noir sur maillot marin, Renaud porte des baskets rouges qui détonnent. Il chante. On a mal au cœur pour lui. L’impression est unanime. Sa diction très abîmée écrase sa poésie urbaine, ses chansons si fédératrices, qui ont élu domicile dans la mémoire collective, souffrent elles aussi. Renaud le sait, il demandera de « l’indulgence pour [sa] voix pourrie ». Il se déplace doucement, à petit pas, entouré par des musiciennes, six violonistes, deux violoncellistes, un accordéoniste et son pianiste. Ses morceaux ont été revisités par cet orchestre de musique classique. En clin d’œil involontaire à la Folle Journée, dont c’est ici le temple, il leur proposera de jouer un titre de Mozart.
Amoureux
Assister à un concert de Renaud aujourd’hui, c’est un peu comme venir voir son grand frère ou son meilleur ami usé par une hygiène de vie chaotique, entrer en empathie avec celui que l’on connaît tant, que l’on respectera toujours, forcément. On a grandi avec lui. On pense aussi à Philippe Léotard, à Serge Reggiani ou Bernard Dimey, à ces destins décousus de saltimbanques poètes, à ces voix brisées sur l’autel du tabac ou de la clope, insidieuses addictions qui affaiblissent les corps, détruisent les cordes vocales. Il est pourtant bien là, c’est sûr et le public aussi qui lui offre sa voix en chœur, bouée de sauvetage méritée au marin balloté par les embruns existentiels, dès qu’il entame les définitives et historiques « En cloque », « Lola », « Marchand de cailloux » ou « Germaine ». Le chanteur est amoureux, plein de vie et d’envies. Il se livre entre deux chansons. « Je suis là ce soir en voisin, à Trentemoult, Rezé. J’ai rencontré Cerise et je suis amoureux depuis un an ». L’alcool ? « J’ai arrêté depuis deux ans et la cigarette, ça fait deux mois et demi ». Une confession saluée par des applaudissements. Le vieux copain rappelle à la foule qu’elle peut le photographier sur scène, qu’il n’y a pas d’interdit.
Mistral toujours gagnant
Au fil du show, il fait encore monter des frissons quand jaillissent les notes de « Manu » ( « Eh, déconne pas »), « Mistral Gagnant », « C’est pas l’homme qui prend la mer » ou « La ballade nord-irlandaise ». « On t’aime Renaud », hurle un spectateur tandis que la foule l’ovationne et bat les rappels. « C’est dur mais on l’aime quand même », résumera un spectateur à l’issue du concert.
À nouveau en concert le 21 octobre à 20 h à la Cité des congrès, Nantes
Source : Presse Océan