Loisirs
Publié le 13/10/2024 à 10h24
Intense moment d’émotion, hier soir, au théâtre Mac-Nab de Vierzon. Romuald, Aurélie, Morgane, toute une salle était là pour lui, des fans parfois venus de loin. Lui, Renaud, leur chanteur, fragile mais si présent sur scène par la force de ses textes, si émouvant. Un concentré d’émotion, d’amour partagé.
C’est l’histoire d’un mec, non pas amoureux de sa mobylette, mais suffisamment de Renaud pour prendre le volant et s’infuser 500 km, de Verdun (Meuse) à Vierzon. Ce mec, c’est Romuald, 38 ans, qui habitait plus jeune Avord puis Massay, et qui était, hier soir, au Mac-Nab, « parce que c’est Renaud », parce que « Renaud à Vierzon, dans une petite salle intimiste, je ne pouvais pas rater ça ».
L’œil humide mais rieur, il se souvient avec bonheur… « J’avais dix ans, une institutrice remplaçante, à l’école primaire d’Avord, nous a fait écouter la Ballade nord-irlandaise. Je venais de perdre ma maman, ça m’a marqué à vie. Puis j’ai découvert Morgane de toi, et tout son répertoire. On peut dire qu’il m’a un peu sauvé dans un moment très difficile. »
Bien sûr, il y a la voix, perdue dans l’abîme de ses abus. Car Renaud, il y a ceux qui l’aiment et… ceux qui l’aiment ! Ceux qui l’aiment et veulent le lui dire encore et encore, le lui prouver par leur présence, le maintenir en vie en eux et sans doute le maintenir en vie tout court, se déplacer pour chanter avec lui ; et il y a ceux qui l’aiment mais souffrent de le voir, et plus encore de l’entendre.
« Il faut profiter de lui »
Émotion contre émotion, Romuald lâche dans un cri du cœur : « Faut pas, c’est Renaud ! La voix n’est plus là, mais il faut profiter de lui, lui rendre hommage en l’accompagnant autant qu’il nous accompagne, pour ce qu’il a fait pour nous, pour moi. »
Aurélie, 40 ans, tombée « dedans » à 4 ans, « grâce à des amis de mes parents » et venue avec sa fille de 18 ans prénommée… Morgane, bien sûr, va plus loin :
« Il ne faut pas se fixer sur sa voix, ça n’a pas de sens. Personne n’est jamais allé voir Renaud pour sa voix, c’est pas Céline Dion. On suit un personnage, un mythe. C’est une culture aussi, j’ai tellement appris à travers ses textes. C’est presque toute une vie. Jusqu’à 25 ans, je n’écoutais que lui. Bon, depuis, j’ai avancé, je n’ai plus de poster dans ma chambre et j’écoute autre chose aussi ! »
Éclat de rire, yeux humides.
À 4 ans, elle avait commencé par la Mère à Titi. « Titi, ça m’avait fait rire. » Elle possède maintenant tous ses CD, en double, un pour écouter, un gardé neuf bien emballé !
Un CD pour écouter, et un neuf, emballé !
Romuald, compère d’émotion, s’est, lui, acheté l’intégrale vinyles et possède tous les CD. « Vinyles pour la maison, CD pour la voiture. » Autant dire qu’en 500 km, le lecteur CD a eu le temps de chauffer.
Ni l’un ni l’autre n’en sont à leur premier concert de Renaud :
« Je l’ai vu au Printemps de Bourges, à Toulouse, c’est la cinquième fois ce soir, au Mac-Nab. »
Aurélie en serait plutôt à « une bonne vingtaine ». Son meilleur souvenir ? « Un concert aux Pays-Bas quand je vivais en Belgique. Je tenais le stand Ingrid Betancourt. Il venait chanter pour réclamer, avec nous, sa libération. On avait bu un verre et échangé quelques mots. »
C’est l’heure du concert. Sorte de soirée en (grande) famConcert Renaud Mac-Nabille. Le rideau n’est pas levé que les applaudissements sont nourris. Un titre, deux… C’est vrai, on oublie petit à petit cette voix qui raconte parfois autant qu’elle chante. L’humour est là, la communion avec son public, les instruments à cordes qui subliment ses chansons, la force de ses textes. Mort les enfants, quelle merveille ! Un concentré d’émotion, souvent au bord des larmes.