Accueil | Culture et loisirs | Fêtes et festivals | Festival de la Cité de Carcassonne | Aude
Publié le
La Dépêche du Midi
Comment dire… Comment dire la difficulté d’assister à un concert de Renaud dans des conditions totalement anormales (lire ci-dessous la manif’ des intermittents) ? Comment définir l’attitude de Renaud vis-à-vis des intermittents alors qu’on ne pense pas à sa place ?
Hypothèse 1 : Renaud s’en tamponne comme de son premier Ricard.
Hypothèse 2 : Ça le gonfle grave.
Hypothèse 3 : Renaud n’a plus de conscience politique et une seule préoccupation : se sauver lui-même. Hypothèse qu’on peut comprendre au regard de l’ensemble de son œuvre, de ses accidents de la vie, tout ça tout ça. Mais à ce compte-là, le mépris qu’il oppose à une lutte pour laquelle on le soupçonnait être solidaire, quelque part, serait plus condamnable encore que l’attitude d’un Jérôme Savary dans la colère, dans l’instant… Haussement des pôles. Inversion des tendances. Tectonique des plaques. Dérive des continents… Renaud on avait cru comprendre qu’il n’était pas mort. Ou bien qu’il avait ressuscité…
Bref, passons sous silence… Et tâchons de nous reconcentrer sur le sujet du jour : le concert de Renaud. Ben Renaud, on l’aime. Y’a de l’affect, là-dedans, un passé commun. Comme une traversée. Une empathie. Un parcours. Une trajectoire…
A CORPS PERDU…
Ben Renaud, on l’aime y’a de l’affect là-dedans et c’est pour ça qu’on a du mal… Sa voix de vieille vache meuglante, on sait depuis belle lurette on s’en fout on a appris à s’y habituer, depuis le temps… Mais merde ! Autant il y a deux ans, ou trois on ne sait plus, bref, lors de son dernier passage au Grand-Théâtre, sa formule intimiste « une voix de garage, un piano, une guitare » fonctionnait dans le rapport scène-public, autant là, ça ne marche plus et ça fait chier (merde j’avais promis de plus dire des gros mots ma mère va m’engueuler, putain !..). Production genre grosse, avec musiciens qui font le bizness derrière pas d’problème et lui devant qui mouline, ben y’a comme un hic… Ok ! parfois, faut se sauver individuellement, quand l’amer te prend, face au collectif… Mais merde ! (merde ! j’ai redit merde).
A la limite, Renaud on le préfère quand il parle que quand il chante pour la bonne et simple raison qu’il est nettement plus drôle que Laurent Gerra. Là, il assure le rock ‘n’ roll. Envoie le bois sur ses cibles habituelles : Bernard-Henri Lévy, la télé poubelle et tout le reste… C’est un peu facile, certes… C’est un rien obsolète, surtout. Et c’est dur…
DUB’.
MANIF’ Les intermittents actifs avant et pendant le concert
« Renaud, avec nous ! »
Qui plus que Renaud aurait pu, au nom de ses révoltes passées, de ses conceptions de l’organisation sociale, prendre position pour les intermittents du spectacle ? Caubère a décidé d’annuler, Renaud de jouer. C’est son choix.
Hier, le Collectif audois pour le sauvetage de la culture souhaitait que le Renaud enragé d’avant reparte à ses côtés dans une nouvelle lutte. Il n’en a rien été.
Vers 20 heures, les intermittents distribuent des tracts pour tenter de rallier le public de Renaud à sa cause. Ils chantent du Renaud. Equipés d’une petite sono dérisoire, pendant qu’à l’intérieur du Grand-Théâtre, les organisateurs ont décidé de couvrir leur voix par une musique d’ambiance. Les intermittents chantent du Renaud à leur sauce : « Renaud, Séchan, si t’es encore là-dedans, est-ce que tu passes la porte, est-ce que tu rejoins les vivants ? Renaud, s’te plaît, la solidarité, est-ce que tu t’en tapes, ou bien t’as oublié ? Toi Renaud, viens avec nous, mettre Seillière dans les waters, si tu veux te joindre à nous on mettra l’baron dans l’trou ! ».
Renaud restera sourd à leurs attentes. Et dieu sait s’il faut être sourd pour ne pas avoir entendu le raffut de tous les diables que les manifestants ont produit. Tout cela a bien failli dégénérer à plusieurs reprises. Par bonheur, le préfet est resté ferme sur les prix : la police ne chargera pas. Elle s’interpose bien une première fois, alors que le concert n’a pas commencé et que les intermittents veulent guider les spectateurs vers une seule des trois grilles d’entrée.
Plus tard, alors que Renaud a entamé son récital, une dizaine, une vingtaine de manifestants se font entendre en tapant sur les barrières de protection. La direction du festival demande l’enlèvement des poubelles qui servent de tambours aux intermittents. Aimerait bien que la police les fasse taire définitivement. Ramdam. Et puis silence. A l’intérieur, Renaud chante. Comme si de rien n’était. Bonsoir tristesse.
Sources : La Dépêche et le HLM des Fans de Renaud