Renaud, bien que diminué par une rhinopharyngite, a été au bout de ses forces et de son concert devant un public tout acquis à sa cause, ce mardi soir, en ouverture de la 41e édition du Printemps de Bourges.
Année électorale oblige, le Printemps de Bourges, 41e édition, pourrait avoir une résonance politique à cinq jours du premier tour de la présidentielle. Pour l’heure, aucun candidat n’a inscrit à son agenda une visite au festival berruyer.
Mais il est possible que certains décident de s’y montrer au dernier moment, comme François Hollande en 2012.En revanche, la ministre de la Culture Audrey Azoulay est elle attendue jeudi.
Ce contexte politique pourrait amener des artistes à s’exprimer. Déjà fait pour Renaud, qui a annoncé son intention de voter pour Emmanuel Macron. Ce choix a déçu nombre de ses fans qui espéraient le voir soutenir un candidat plus marqué à gauche.
Volontiers provocateur, le chanteur au bandana rouge n’a pas cependant résisté en fin de concert à en remettre une couche : « Bon, on va quand même pas parler politique, sinon je vais mettre mon t-shirt + Macron président + ». Sourire en coin, ce sera la seule fois où il accueillera une bordée de sifflets, qui ne se sont d’ailleurs pas éternisés.
Rock’n roll et cigarette
Car presque deux heures et demie durant, Renaud a été porté par ce public qu’il aime tant et qui l’aime tant.
Un public auquel il avoue à son entrée sur scène : « Je vous préviens, j’ai chopé une rhinopharyngite. Cela n’arrange rien à ma voix rocailleuse et caverneuse, comme disent les journaleux… Qui oublient de dire généreuse. Mais vous vous en foutez, hein ? Vous n’êtes pas venus écouter Céline Dion ou Florent Pagny. »
Alors les quelque 7 000 spectateurs, quasiment de 7 à 77 ans, ont repris en chœur ses tubes de « Marche à l’ombre » à « Mon HLM », en passant par « Manu » et « Morgane de toi ». Ils lui ont aussi pardonné d’avoir oublié les paroles de « La médaille ».
« Ce n’est plus le Renaud d’avant, c’est sûr mais on est heureux de le revoir quand même devant nous », confie William, la cinquantaine. Comme lui, le public semble en effet moins être venu pour le voir ou même l’entendre chanter. Il est venu soutenir cet artiste qui avait sombré dans l’alcool et la dépression ces dernières années et semblait perdu pour la musique.
Rock’n roll jusqu’au tréfonds du pharynx, Renaud, peinant et la voix cassée, est même revenu sur scène pour un rappel, cigarette à la main. Et a offert un medley final d’une vingtaine de minutes, ponctué par le titre de circonstance « Fatigué ».
Enjôleur Tim Dup
« Fatigué, mais avec vous, et grâce à vous, toujours debout », a-t-il conclu en épilogue de ce 96e concert d’une tournée entamée en octobre.
Avant lui, les festivités avaient été ouvertes par Tim Dup, 22 ans et nullement impressionné au moment de découvrir le festival, sur sa plus grande scène. Comme son aîné il y a 39 ans…
Apparu seul avec son clavier et son ordinateur, le jeune auteur-interprète, plein d’aplomb et sourire enjôleur en prime, a convaincu son auditoire par ses chansons issues de son premier quatre titres sorti en août « Vers les Ourses Polaires ».
Avec son parlé-chanté à tempo lent, entre hip hop et chanson, Tim Dup raconte des histoires du quotidien avec une poésie mélancolique. Son premier album sortira en octobre.
Enfin, ce mardi soir, pour la première fois la Comédie Française se produisait dans un festival de musiques actuelles. La vénérable institution y a présenté « Comme une pierre qui… », une pièce sur l’enregistrement de la mythique chanson de Bob Dylan, « Like a Rolling Stone », au studio Columbia de New York en juin 1965.
Sans prendre le temps de respirer ou presque, un autre événement de taille est attendu mercredi, avec le grand retour de la chanteuse Camille qui présentera son nouvel album « Ouï ».
Source : Ouest-France