Quand les dessinateurs de BD signent des pochettes de disques

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RE-CYCLE

Par Frederic Vandecasserie
29 janv. 2024 à 00:41

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On sait depuis longtemps que le rock et la BD entretenaient des relations parfois proches. Parce que plusieurs dessinateurs ont retracé l‘histoire de groupes légendaires en cases et en bulles. On vous en avait déjà parlé. Mais il faut aussi savoir que de nombreux auteurs de bande-dessinée ont carrément signé des pochettes de disques à la demande des groupes et des artistes eux-mêmes. On vous détaille ça ici…

Commençons par la pochette de l’album Cheap Thrills de Big Brother & The Holding Company, le groupe de Janis Joplin, signée par Robert Crumb. On peut y lire une vraie histoire car la pochette est carrément transformée en page de BD, ce qui accroît encore les points communs entre la musique et le dessin.

Au total, Crumb aura en fait illustré plus de 450 pochettes de disques, surtout des 78 tours de jazz, de country et de blues datant des années 20 ou des années 30, qu’il aimait particulièrement.

Plus près de nous, le dessinateur Luz a aussi signé des pochettes : « J’ai déjà fait des pochettes de disques pour les Bérurier Noir, à l’époque où ils avaient sorti des remixes électro… des maxis et un album (Le Manifeste électronique). J’ai également dessiné un poster pour un 45 tours de LCD SOUNDSYSTEMTribulationsLa musique donne une impulsion au dessin, c’est clair. L’autre rapport entre la musique et le dessin, et c’est pourquoi je suis intrigué par l’avenir de l’industrie musicale, c’est la pochette d’album. Le nombre d’artistes que j’ai découvert grâce à la pochette ! Frazetta, je l’ai découvert grâce à un album de Nazareth ! Et mon premier rapport avec Crumb était de tenir dans les mains un album de Janis Joplin ! Mon imaginaire s’est fabriqué plus avec des pochettes d’albums qu’avec de la BD par exemple. »

 

Zep, le créateur de Titeuf, s’est aussi essayé à l’exercice, signant la pochette et toutes les illustrations du disque de Renaud Les Mômes et les enfants d’abord, sorti en 2019.

A l’époque, Renaud expliquait sa démarche comme suit : « Je voulais un illustrateur pour enfants. J’ai d’abord pensé à ma fille qui n’a pas voulu mélanger les rôles. Être la fille de Renaud éternellement… Renaud la place, Renaud la case… Elle ne préférait pas. Alors j’ai pensé à Zep, qui sait vraiment bien dessiner l’enfance. Je l’ai appelé en lui demandant s’il voulait bien illustrer mon disque, il a dit oui aussi sec. Alors je lui ai laissé carte blanche. Zep : « Renaud m’a envoyé trois chansons, je me suis rendu chez lui à L’Isle-sur-la-Sorgue avec quelques dessins, deux trois directions et on s’est mis d’accord sur le fait qu’il serait le personnage principal. Mais ensuite ça a été hyper agréable à faire, car chaque titre est une histoire et appelle tout de suite du dessin. Je me suis bien amusé, d’autant que Renaud m’a conseillé de faire rentrer Titeuf dans l’affaire. »

« Moi, j’adore Titeuf depuis longtemps, mais je suis très admiratif de l’œuvre de Zep, parce qu’il arrive à dessiner des choses pour les gamins comme des trucs pour adultes. Titeuf faisait déjà partie de ma collection de BD. Mais quand il est arrivé à L’Isle-sur-la-Sorgue, il m’a apporté notamment « Happy Sex », vendu sous cellophane. Ça en dit long sur l’époque… »

Et les deux créateurs ont promis de collaborer à nouveau ensemble. Tandis que d’autres dessinateurs disent vouloir se mettre à collaborer avec des musiciens ! C’est un bel angle de collection, non ?

Parce que ne pensons pas que « c’était forcément mieux avant », mais que nous avons remarqué que « tout était dans tout » voire que « rien ne se crée, rien ne se perd, mais tout se transforme » ! Bref, le vintage et ses réinventions dans tous les domaines de la pop-culture ont la cote pour le moment.

Et nous allons vous le démontrer chaque semaine dans Re-Cycle avec Frederic Vandecasserie.

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Source : RTBF