Par MIGLIORINI Robert, le 16/11/2009 à 12h00
A l’aube de ses trente ans et avec deux albums à son actif dont le premier (Repenti) crédité d’un score flatteur (750 000 exemplaires vendus), Renan Luce a fait une entrée remarquée dans le métier. Il est désormais dans la ligne de mire des critiques et assuré d’un public fidèle. « J‘ai eu de la chance. Mais je mettrais un bémol, souligne d’une voix tranquille celui qui a, notamment, reçu le prix Charles-Cros en 2007. J’écris déjà depuis dix ans et j’ai suivi un parcours plutôt classique. » De la participation dans ses jeunes années à une chorale de quartier dans le Finistère, aux années de conservatoire où il a fait ses gammes au piano classique. Aujourd’hui, Renan Luce a adopté la guitare et reconnaît sa filiation avec les accords acoustiques de Brassens, le verbe de Nougaro, et des autres ténors de la langue de chez nous. La musique et la chanson ont toujours été l’horizon de cet ancien étudiant en école supérieure de commerce (à Toulouse) dont le répertoire a été promu à Paris où il travailla d’abord à la carrière des autres, chez le tourneur Azimuth productions, comme infographe. « N’oubliez pas mes années de concerts dans des bars puis des petites salles et enfin en première partie d’artistes comme Thomas Fersen ou Bénabar », poursuit-il, comme pour calmer le jeu des superlatifs.

Cet été, il a eu l’occasion de présenter son nouvel album Le Clan des miros lors des festivals des Francofolies de La Rochelle et des Vieilles Charrues à Carhaix. « Ce sont des moments très agréables à vivre », témoigne l’artiste marqué par ses souvenirs d’enfance en Bretagne, près de Morlaix. Ces concerts étaient le prélude d’une longue tournée entourant la sortie du disque longuement préparé en studio. L’artiste y présente avec ses musiciens des chansons qui sont autant d’histoires où évoluent des personnages atypiques nés d’un imaginaire rêveur et drôle. Le compositeur avoue qu’il n’y voit pas très clair dans ce monde. En commençant par la chanson titre, Le Clan des miros jusqu’à cette Femme à lunettes, la chanson d’amour qui clôt l’exercice. Tout est affaire de regard et de mise au point chez Renan Luce, grand lecteur et amateur de cinéma et d’humour noir. Sensible à l’esprit d’équipe, il a également convoqué une bande d’amis (Alexis HK, Benoît Dorémus) pour assurer les chœurs de deux mini-sagas où un grand-père est soumis à la pression de quelques descendants un brin cyniques, en mal de testament. Sans concession pour les convenances. Ailleurs, la tonalité se fait plus intime pour évoquer une vie de couple commençante (Chez toi). Le jeune homme ne vient-il pas d’épouser la fille du chanteur Renaud, cet été ? Quant aux couleurs musicales elles sont dominées par les guitares dans un album confié au savoir-faire de Jean-Louis Piérot, ex-Valentins.
L’automne de Renan Luce se décline également au cinéma. La chanson On n’est pas à une bêtise près présente sur le disque, accompagne les espiègleries bon enfant du film Le petit Nicolas, de Laurent Tirard (avec Kad Merad, Valérie Lemercier, Sandrine Kiberlain), sorti le 30 septembre. Dans le clip qui accompagne la chanson on y découvre Renan Luce, en studio, peu à peu cerné par une classe de garnements. « J’ai aimé évoquer l’insouciance de l’enfance », reconnaît l’auteur, jouant sur ce registre nouveau.
Sa tournée va le mener sur les routes de France et des pays francophones. Jusqu’au Québec, contrée accueillante aux hexagonaux. D’autres étapes pourraient suivre, dont peut-être une au Japon…
MIGLIORINI Robert
Source : La Croix