Renaud, à 92 ans, son père devient une star !

France Dimanche

N° 2945, du 7 au 13 février 2003

Caroline BERGER

Si, avec son dernier album, Boucan d’enfer, Renaud a fait un tabac et marqué son retour sur la scène française, il n’est pas le seul de sa famille à faire parler de lui. À 92 ans, son père, Olivier Séchan, vient d’être consacré.

En effet, le 28 janvier dernier, le Tout-Paris littéraire s’était réuni pour rendre un bouleversant hommage à l’écrivain pour Les corps ont soif. Cet ouvrage avait reçu le prix des Deux-Magots, en 1942, et vient, pour la première fois, de ressortir aux éditions du Rocher…

« On a rendu cet hommage à mon père car il est le plus vieux lauréat du prix des Deux-Magots, nous a confié Thierry Séchan, son fils aîné. Mon père était très ému, et moi, très fier de lui. »

C’est au milieu de nombreuses personnalités, mais surtout entouré de deux de ses fils, Thierry et David, le jumeau de Renaud, que ce grand écrivain a reçu ce très bel honneur, lui qui avait également reçu le prix Cazes, récompensant le roman d’aventure.

« Même s’il n’aime pas trop les mondanités, Renaud était triste de ne pas pouvoir être parmi nous pour l’événement, nous a confié Thierry. Malheureusement, ce jour-là, il enregistrait Vivement Dimanche, et a même demandé à Michel Drucker de citer le livre de mon père pendant l’émission. »

Comme ses frères et sœurs, Renaud a toujours été très proche et très admiratif de son père. D’ailleurs, il a déclaré dernièrement, dans Ciné Télé Revue :

« La vieillesse peut être un naufrage, mais moi, j’ai mon vieux père qui a 92 ans et qui est en pleine forme, qui vit toujours avec ma mère, âgée de 82 ans, et ils sont ensemble, amoureux, fidèles et encore enclins à se faire des scènes de jalousie au bout de soixante ans de mariage ! »

Thierry est aussi un écrivain reconnu. Il a publié deux ouvrages cette année, Bouquin d’enfer, aux éditions du Rocher, ainsi que Renaud, sa vie et ses chansons, chez Seghers. Il nous a avoué : « Je suis heureux de pouvoir prendre la relève de mon père de son vivant. Il a fait connaître et reconnaître le nom de Séchan, nous, nous le ferons durer. Renaud par la chanson, et moi, par l’écriture. C’est un immense bonheur. » En 1996, le chanteur collectionnait les ouvrages de son père, mais il ne les avait pas lus.

« Depuis, ajoute Thierry, il s’est rattrapé, il a surtout lu les polars de mon père. Il a toujours été fier de lui. »

Renaud ne dira pas le contraire.

« On le citait dans des articles en même temps que Jean-Paul Sartre et d’autres, disait-il. Ensuite, il a fait six gosses à ma mère et s’est donc mis à écrire des polars parce que c’était plus fructueux, puis des bouquins pour les mômes de dix à treize ans, dans le style de la Bibliothèque rose. En même temps, il était traducteur. Dans les années 60, comme ma mère n’avait pas de travail, il est devenu professeur d’allemand. »

« Torcher six gosses ne paie pas ! Alors, quand j’étais adolescent, il travaillait beaucoup. Le jour, il écrivait, la nuit, il lisait pour traduire. Je lui dois beaucoup, sauf pour la musique. Il a essayé de me faire apprendre le piano, à coups de pied dans le derrière, mais il n’a pas frappé assez fort ! Je lui en veux d’ailleurs un peu. »

Renaud n’est jamais vraiment parvenu à sortir du cocon familial dans lequel il a grandi, dans le bonheur, comme il l’a souvent raconté : « Mon enfance s’est écoulée douce comme le miel. Mes parents étaient des gens exceptionnels, confiait-il récemment au Journal du Dimanche. On était six enfants, on se chamaillait ensemble et, on s’aimait ensemble. Oui, j’ai la nostalgie de mon enfance que je ne retrouverai plus. »

  

Source : HLM des Fans de Renaud