Renaud à Bordeaux : « Il ne chante plus trop avec sa voix mais avec son cœur, c’est ce qu’on aime aussi », lance un fan

20 Minutes

REPORTAGE

Elsa Provenzano
Sébastien, 18 ans, est un grand fan de Renaud, qu’il a découvert pour la première fois sur scène. — E.Provenzano / 20 Minutes

Renaud a lancé sa tournée « Dans mes cordes », au Pin Galant de Mérignac ce mardi soir, près de Bordeaux

    • Renaud a lancé sa tournée « Dans mes cordes », ce mardi près de Bordeaux au Pin Galant de Mérignac à la grande joie de ses fans bordelais.
    • Dans le public, beaucoup de fans de la première heure, mais aussi des jeunes qui apprécient ses textes et l’intimité qu’il crée lors d’un concert.
    • Si certains ne veulent même pas le reconnaître un peu affaibli par les années et les abus, d’autres estiment que certaines piètres performances sont balayées par la complicité qu’il crée avec son public.

Les bandanas rouges, bérets et marinières sont de sortie ce mardi soir devant le Pin Galant de Mérignac, près de Bordeaux, pour le grand retour sur scène de Renaud. Pour sa tournée « Dans mes cordes », le septuagénaire a choisi de petites salles et un accompagnement au piano avec son ami Alain Lanty et un ensemble d’instruments à cordes. Au fil des années, il a réussi à tisser des liens forts avec son public qui le lui rend bien.

« Il y aurait eu dix dates, j’aurais pris dix billets »

Près de deux heures avant le début du spectacle, Luciano, 59 ans, ronge son frein devant les barrières. Il regrette que l’air frais du début de soirée l’empêche de nous montrer sur son bras le tatouage de son chanteur préféré – qu’il a vraiment dans la peau. Avec sa femme, Anita, ils animent un spectacle de marionnettes sur le Bassin d’Arcachon. « On a annulé les représentations aujourd’hui (mardi) et demain (ce mercredi) pour aller le voir les deux soirs, explique-t-il. Et il y aurait eu dix dates, j’aurais pris dix billets. » Chez eux, un placard est rempli des CD du chanteur qu’ils adulent. Il ne souffre pas le début d’une critique à son encontre. « C’est impossible d’être déçu, il touche tout le monde et personne ne peut le remplacer », lance-t-il.

Les mains accrochées aux barrières, en première position pour se ruer dans la salle, on trouve un fan un peu plus jeune : Sébastien, 18 ans, mais pas moins enthousiaste.  « J’ai tous ses CD, même ses albums pour les enfants, ses posters, mais c’est la première fois que je viens le voir en concert », raconte-t-il. Lui aussi balaye les remarques sur la (parfois) petite forme du chanteur sur scène. Il « n’a pas peur d’être déçu » et veut profiter de ce grand moment qu’il attend depuis longtemps.

Un concert de Saint-Valentin pour certains

Parmi les spectateurs venus voir Renaud ce soir-là, pas mal de couples qui fêtent la Saint-Valentin. « Je suis fan depuis mon adolescence, je suis parisien et j’ai été bercé par la carrière de Renaud, je l’ai vu maintes et maintes fois, mais à Bordeaux c’est la première », explique Pascal, 66 ans. Sa compagne Martine, 60 ans, lui a offert le billet et a préparé les mouchoirs « au cas où il chante Les Mistrals gagnants ».

Pascal veut bien parler des difficultés du chanteur, sans renier sa grande affection pour lui. « C’est quelqu’un qui est souffrance et qui est conscient de sa dépendance et de ses errances, je pense, analyse-t-il. Ce soir, ça va être du relationnel, plus que du vocal ». Il se souvient des posters dans sa piaule d’ado, de sa prestation à la Courneuve en 1984 aux côtés de Coluche et Balavoine, et des premiers coups de cœur avec Laisse béton et Camarade bourgeois, un chant de lutte. Sur scène, il se souvient d’une véritable « communion » avec le public, qui chantait et rigolait avec lui. « On vient lui prouver qu’on ne l’oublie pas et lui donner un peu de niaque, résume-t-il. Cela ne doit pas être évident pour lui, pépère. Il a vécu une descente aux enfers. »

Magali et Pascal, 49 ans tous les deux, fêtent aussi la Saint-Valentin ce soir-là. Pascal trépigne d’impatience « comme un gamin », s’amuse sa compagne. Si c’est lui le vrai fan, elle défend aussi le chanteur qu’elle a vu il y a trois ans à la Patinoire de Bordeaux. « Il ne faut pas lui casser du sucre sur le dos, estime-t-elle. Il sortait d’une mauvaise période comme cela arrive à beaucoup de monde, mais ça allait franchement ». « J’avais huit ans au premier concert, raconte son mari. A un moment au Femina à Bordeaux, je l’ai vu et il n’avait plus de voix mais ce n’est pas grave on y va quand même, parce que c’est Renaud ».

Léa, 24 ans, était sûre de faire plaisir à son amoureux François, 27 ans, en lui offrant un billet pour voir Renaud en vrai. « J’écoute Renaud depuis mes 5 ou 6 ans, raconte François. Personne n’écoutait dans ma famille ni mon entourage mais je l’ai découvert à la télé, ça m’a pris et puis voilà ». Il ne boude pas son plaisir, après avoir redouté que le chanteur ne refasse pas de tournée. « Il ne chante plus trop avec sa voix mais avec son cœur, c’est ce qu’on aime aussi, lance-t-il. Et quand il ne peut pas, tous les fans sont là pour chanter ».

Les deux dates programmées à Bordeaux affichaient complets et une troisième a été rajoutée le 6 octobre 2023. François, lui, attend le prochain album. Dans deux à trois ans espère-t-il.

  

Source : 20 Minutes