Renaud à Charleroi : un retour peut-être prématuré

La Nouvelle Gazette

2 décembre 1978

HISTOIRE DE BLOUSON NOIR

Deux heures plus tard, devant une brochette dans un « grec » de la Ville-Haute, Renaud était d’ailleurs le premier à remarquer que tout n’avait pas marché pour le mieux :

— Il y avait cette grippe et puis, on commence à me connaître un peu trop ici.

En fait, il pensait surtout aux trois jours de passage au « 140 » qui l’attendent maintenant.

Sur scène, on l’avait en­tendu citer Bernard Lavilliers de cette manière :

— J’ai entendu quelqu’un dire qu’il ne fallait pas jouer les loubars, pas casser les portes, pas rêver qu’un blouson noir décuple les forces.

Lorsqu’on lui en parle, il s’anime :

— Lavilliers n’a pas le droit de dire cela ; évidemment, lui est fort — physiquement et dans le métier— il n’a pas besoin de blouson noir pour être sûr de lui. Mais combien de « zonards » auraient le même culot s’ils n’avaient un blouson noir sur le dos et dix copains derrière avec le même. (…)

En janvier, sort son troisième disque avec la chanson gagnante à Spa « Pier­rot », celle qu’il n’a pas voulu chanter mercredi (la grippe). C’est sûrement la plus belle avec celle du « Loubar ». Ce visage de Renaud. on continuera à l’aimer longtemps et ce n’est pas un récital plus ou moins manqué qui nous fera changer d’avis.

Terminons par un regret : que le « Coup de Fusil » n’ait pas réussi à rentabiliser sa soirée (il n’y avait guère plus de 500 spectateurs). Espérons que ce déficit malvenu ne l’empêchera pas de continuer à organiser ses six ou sept spectacles par an. A ce propos, rendez-vous à 20 h., le dimanche 10 décembre à l’Hôtel de Ville. Sur la scène, Bernard Lavilliers, un monument en construction.

André THIOUX

 

Source : La Nouvelle Gazette