Renaud a chassé le renard

France-Soir

26 avril 2002

France Soir était présent sur le tournage du nouveau clip du chanteur.

Mercredi dernier, 17 heures, studio 800A à Stains, près de Paris, Renaud est vêtu de noir. C’est là que le chanteur d’Hexagone tourne le clip de Docteur Renaud, Mister Renard , premier single de Boucan d’enfer. Une vingtaine de personne s’agitent, règlent les lumières, maquillent sous le regard permanent d’Olivier Dahan (Le Petit Poucet), le réalisateur, et des représentants de la production U-Man.

Renaud, quand à lui, fume cigarette sur cigarette. Le regard souvent absent, il reste assis, Perfecto sur les épaules attentif aux exigences de la production. « Renaud, on peut y aller! » lance Sébastien Cirade, assistant réalisateur. L’anar cinquantenaire s’exécute, saisit sa guitare Fender et se dirige sur le plateau. Le décor montre une rue parcourue par quelques femmes de petite vertu, une lumière rouge domine le studio. « On lance la musique! » Le premier play-back est lancé. Le créateur de tubes devient pour quelques minutes chanteur de rue (sa vrai nature?). Il sourit aux comédiennes, précieux présent d’un artiste jamais condescendant, mais peu enclin aux sourires obligés.

« Coupez! » Nouveau plat (back, remaquillage), Renaud s’approche : « On en aura jusqu’à très tard ce soir, désolé pour le retard. » Pas de problème l’interview attendra.

Le tournage de Docteur Renaud, Mister Renard en dit long sur la force retrouvée de chanteur. « Aujourd’hui c’est le Renaud qui bosse; pas le renard. » Comprendre : je suis dans le bon sens de la file, les démons au vestiaire. Les muses ont retrouvé l’artiste, après un désamour de huit années.

« Je reste un peu résigné quand on voit ce qu’a fait Le Pen aux élections, j’ai tendance à me demander quel est le rôle de la culture là-dedans. J’irais quand même voter pour les législatives », conclut-il.

Renaud est bel et bien de retour en musique, on le sait, mais également au cinéma dans un polar qui le propulsera aux coté de Gérard Depardieu et de Harvey Keitel, excusez du peu. La sortie de l’album, prévu fin mai, fera, c’est sûr, un Boucan d’enfer.

Patrice Le Nen.

Pile et face

Sept ans, un cycle, une éternité. Renaud est là, vivant, touchant, avec un single inédit, prélude à sa sortie de Boucan d’enfer (Virgin) prévu le 28 mai prochain. Bref, un apéritif assez délicieux destiné aux radio (pour l’instant bien sûr) intitulé Docteur Renaud, Mister Renard, totalement dédié à cette même schizophrénie qui créa l’alter ego de Gainsbarre.

Plutôt que de risquer la comparaison avec son pote il y a 10 ans, le papa de Lolita l’écrit carrément : « Comme y’a eu le Gainsbourg et Gainsbarre, y’a le Renaud et renard. » 4 minutes et 23 secondes d’introspection, sur les travers de sa vie, sur ses réussites aussi. Côté pille et côté face sombre.

De la lucidité, il n’en manque pas, comment railler le monde sans se vitrioler soi-même? Renaud tourne actuellement le clip de ce premier extrait. Un prélude à ce qu’il convient d’appeler le retour vers la lumière. Sans vouloir lever le voile sur cet événement discographique, on dira simplement aux fans que Renaud reste fidèle à lui-même. La cinquantaine amère ne empêche pas cependant de porter un regard lucide tragi-comique sur notre société. France Soir reviendra bientôt sur le cas de cet artiste hors norme.

 

Source : Le HLM des fans de Renaud