Renaud à Forest

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Publié le 12-11-2003 à 06h00

P.L.

©de Tessieres

Une bonne soirée, même si ses chansons flirtaient avec l’inaudible

BRUXELLES Renaud provocateur, touchant mais pas trop en voix lundi à Forest National. Renaud ne sera jamais Caruso. Les performances vocales, ce n’est pas son truc. Mais cela, on le sait depuis près de 30 ans. Si son public continue à venir le voir sur scène, c’est avant tout pour l’ambiance, la nostalgie, ce petit côté rebelle tendre toujours aussi touchant. Au départ, il faut drôlement tendre l’oreille pour tenter de percevoir les paroles de Docteur Renaud, Mister Renard. A contre-temps, incapable de couvrir les bruits des applaudissements, le chanteur flirte souvent avec l’inaudible. Qu’importe : tout le monde, d’évidence, connaît son répertoire par coeur. Et entre deux chansons, l’ex-loubard met le feu à la salle. « Renaud vous remercie infiniment, mais le Renard, lui, il dirait que le public est meilleur en France ! » Tonnerre de huées. Oublié le Renaud tétanisé qui faisait pitié aux 60 ans de Johnny. La clope au bec et une bouteille… d’eau sur la table du bar (« Pour moi, tout ça appartient au passé depuis trois semaines… Ben oui, il y a parfois des rechutes quoi », après les derniers accords de Pochetron), il prend de nouveau plaisir à chambrer ses musiciens (« Lui c’est Jean-Pierre, mais on l’appelle Titi, parce que Jean-Pierre, c’est un prénom de crétin »), à critiquer « ce pauvre BHL », à alterner les tubes anciens et récents (Manhattan Kaboul en duo avec toute la salle), à passer de l’oberbayern Germaine aux tendres Morgane de toi ou Mistral gagnant. Sa voix retrouve même de la consistance sur Laisse béton ou Dès que le vent soufflera, avant de s’essouffler une dernière fois sur une belle version de Manu. Au bout de 2 h 30, Renaud revient sur sa promesse d’arrêter les tournées pour devenir prof à la Star Ac ‘: « Tant que vous serez là, je serai là. » Tant mieux. Car lundi, on a vraiment passé une bonne soirée.

© La Dernière Heure 2003