Renaud à l’affiche de la Cité de la Musique à Paris avec une « Putain d’expo ! »

La Montage

Musique

Publié le 13/10/2020 à 10h00

L’enfance pour revenir vers ce qui a été perdu. © Tony Frank

Renaud à l’affiche d’une « Putain d’expo ! ». La toute première grande rétrospective consacrée au chanteur. Rendez-vous à la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris, du 16 octobre au 2 mai 2021, pour replonger dans le parcours de l’auteur de Mistral gagnant.

Commençons par l’intitulé : Putain d’expo ! « C’est pas un Olympia pour moi tout seul, mais une « putain d’expo?! » juste pour mézigue que vous allez zieuter… Et au Musée de la musique, s’il te plaît ! […] Ce s’rait une sorte de rétrospective de ma vie de chanteur, y paraîtrait. Un pote m’a dit que ça « sentait le sapin » mais j’m’en tape un peu, j’aime cette odeur qui me rappelle les doux Noëls de mon enfance ». Le ton est donné par le chanteur.

Tous les visages de l’artiste

Un « putain » de parcours pour cette exposition conçue par le Musée de la musique – Philharmonie de Paris en partenariat avec Universal Music France qui explore les différents répertoires de l’artiste : Renaud le révolté, Renaud le poète-portraitiste, Renaud l’engagé et Renaud l’amoureux de l’enfance.

À l’organisation, un trio de tête : David Séchan, le frère jumeau de Renaud, qui l’immortalise par ses photographies ; Gérard Lo Monaco, créateur des décors de scène des mythiques concerts au Zénith, de nombreuses pochettes de disques… qui a conçu la scénographie de l’exposition. Et l’universitaire de la bande, Johanna Copans, normalienne et agrégée de lettres, férue de Renaud depuis son enfance et spécialiste de son œuvre.

Elle lui a consacré sa thèse intitulée : Le Paysage des chansons de Renaud : une dynamique identitaire (L’Harmattan, 2014). Elle en connaît les mots, l’identité, la genèse de l’artiste aussi.

La facette de Renaud la plus révélatrice ?

Toutes les facettes de Renaud sont reliées entre elles, c’est d’ailleurs ce que nous avons voulu montrer dans l’exposition. Son identité, sa naissance de chanteur se sont construites sur une révolte. Liée à la sortie de l’enfance, l’adolescence et mai 68. Une révolte qui fonde finalement ses combats et ses engagements face à ce monde. Et à une fatigue qui donne envie de revenir aux origines et à ce qui a été perdu, c’est-à-dire, l’univers de l’enfance. Comme un refuge pour lutter vis-à-vis de tout ce qui s’abat sur lui et le monde. Tout est ainsi imbriqué, une manière de voir cet environnement, de l’écrire et de le décrire tel qu’on le vit, propre à un poète. Avec un langage et un imaginaire très forts, également très proches de la BD.

La naissance et l’identité de Renaud comme chanteur se sont construites sur une révolte. Photo David Séchan.

Quelle est la particularité de l’écriture de Renaud??

« Il est à considérer comme un poète parce qu’il invente un langage bien particulier dans lequel il fait intervenir des expressions populaires et orales issues de la banlieue des années 70… dont va s’emparer son public qui finalement se met à parler comme dans les chansons, et non l’inverse. »

Il invite également l’argot dans ses textes, un argot qui vient de la chanson réaliste de fin XIXe début XXe, je pense notamment à Aristide Bruant ou à des chanteuses réalistes comme Fréhel, Damia. Il y a aussi l’humour et les jeux de mots, une certaine proximité avec des artistes tel Boby Lapointe. Ce n’est pas pour rien que des écrivains lui ont rendu hommage ou l’ont admiré, comme Frédéric Dard ou Alphonse Boudard.

Normalienne, agrégée de lettres, la co-commissaire de l’exposition a consacré sa thèse à l’oeuvre de l’artiste. Photo DR

Un parcours en titres ?

Si l’on pense au poète, une chanson de l’album « Toujours debout » (2016), Les mots, reflète son amour de la poésie, son admiration pour les poètes et les grands chanteurs tel Nougaro. Également sa filiation avec Brassens. Pour la révolte, retenons Hexagone, (« Amoureux de Paname », 1975) parce que c’est une de ses premières compositions et d’ailleurs Renaud le dit lui-même : parce que c’est la chanson qui est la plus fédératrice de toutes les révoltes et de toutes les colères. Pour l’engagement, Triviale poursuite (« Putain de camion »,  sorti en 1988 (*) qui évoque tous les conflits du monde. La deuxième étant Fatigué (« Mistral gagnant », 1985). Pour l’enfance, la chanson la plus plébiscitée des Français, Mistral gagnant ou Morgane de toi. Des chansons phares sans hésiter.

Touche-t-il encore les jeunes générations ?

Il s’adresse à toutes les générations et il y a toujours des jeunes dans son public, histoire de transmission. L’aspect rébellion, les titres sur les banlieues auront, je pense, toujours un retentissement. Ne dit-on pas à son propos qu’il a été le premier rappeur, le premier slameur. Des artistes comme Grand Corps Malade, Soprano, ou encore Oxmo Puccino revendiquent d’ailleurs la filiation. 

Roxane Pouget

(*) Le titre éponyme a été écrit en hommage à son ami Coluche, parrain de sa fille, mort dan un accident de moto en 1986

  

Renaud, Putain d’expo?! Cité de la Musique – Philharmonie de Paris. Du 16 octobre au 2 mai 2021.  https ://philharmoniedeparis.fr/

  

Source : La Montage