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David Séchan dévoile dans un livre plus de 200 photos intimes qu’il a prises de son frangin tout au long de sa vie. Et nous donne des nouvelles de la santé du chanteur.
En tant que jumeau, quelle relation aviez-vous enfant avec Renaud ?
Très fusionnelle. D’ailleurs, on nous appelait « les jumeaux ». C’était « les jumeaux, à table », « les jumeaux, au lit »… On était habillés de la même manière, on partageait la même chambre, on était dans la même classe. Même si nous étions deux, nous ne faisions qu’un.
Sa vocation artistique est assez vite apparue ?
On a commencé à se distinguer vers l’âge de 10 ou 12 ans. Comme je faisais du sport, on me prédisait que je deviendrais prof de gym, tandis que Renaud, qui était plus original et inventif, deviendrait artiste. C’est ce qui s’est passé pour lui. De mon côté, j’ai dû rater ma vocation puisque je ne suis jamais devenu prof d’éducation physique. (Rires.) Je suis éditeur et producteur musical.
Vous avez commencé très vite à le prendre en photo ?
J’avais l’ambition de devenir photographe. C’était ma passion. Même si je n’en ai pas fait mon métier, Renaud était un modèle tout à fait approprié pour moi. Au début de sa carrière, il était très demandeur que je le photographie, puis au fil du temps nettement moins. Avec mon livre, « Dans l’intimité de Renaud », j’ai essayé de retracer des moments de vie que j’ai partagés avec lui.
Certains clichés sont très surprenants, comme lors de ses visites au Disneyland de Californie avec sa femme et sa fille… On ne l’imaginait pas se promener au royaume de Mickey !
C’était lors de nos séjours à Los Angeles, en 83 pour l’enregistrement de « Morgane de toi », et en 85 pour celui de « Mistral gagnant ». Il faisait à Disneyland des sorties en famille. Là-bas, il était complètement anonyme. C’était un bonheur pour lui de ne pas être arrêté tous les deux mètres, alors qu’en France, sa vie privée était aliénée par le succès. Il appréciait vraiment ces moments
Lorsque vous revenez à Los Angeles deux ans plus tard pour l’enregistrement de « Mistral gagnant », l’ambiance est toute différente. Il est devenu dépressif et paranoïaque suite à un concert saboté par les jeunesses communistes, quelques semaines auparavant à Moscou…
Ce concert, c’est ce qui a tout déclenché en lui. Cet événement a ruiné ses illusions sur le communisme, la lutte des classes et le paradis soviétique. Il s’est rendu compte que c’était une dictature féroce. Il en a fait une première grosse dépression. Quand je l’ai rejoint à Los Angles pour « Mistral gagnant », j’ai fait très peu de photos. Il commençait à se braquer quand j’avançais avec mes appareils.
C’est à ce moment-là aussi qu’il s’est mis à boire ?
Non, pas encore. Il ne buvait pratiquement pas quand il était jeune. Il s’est mis à boire bien plus tard pour diverses raisons : une rupture amoureuse, la pression médiatique, les tournées à assurer. Le fait également de se sentir épié par les paparazzis. De la paranoïa.
Le livre comprend de magnifiques photos de la tournée qui a marqué son retour en 2016, après sa descente aux enfers. Cette résurrection, vous vous y attendiez ?
Pas du tout. C’était un miracle. Je pensais que sa carrière était terminée, qu’il ne chanterait plus et ne ferait plus jamais d’album. Mais Renaud peut descendre tout au fond pour remonter ensuite au zénith. Il est maniacodépressif. Il a des périodes où il est très bas et d’autres où il est très haut.
On sait qu’il a fait récemment une nouvelle cure de sevrage…
Il est resté douze jours. Mais là, il va mieux. Il est sobre à nouveau. Il se remet en forme pour terminer son album sur l’enfance. Il n’arrivait pas à faire les voix en raison de son hygiène de vie détestable. C’est une des raisons pour lesquelles il est allé se faire soigner. Ce disque, ce sera du Renaud typique : des souvenirs de cour d’école, l’adolescence…
Vous êtes rassuré pour le long terme ?
Concernant Renaud, je ne fais plus de diagnostic. C’est un colosse aux pieds d’argile. Il se relève, il rechute. C’est sa vie. J’essaye de ne plus m’inquiéter, sauf lorsqu’il est au fond du fond. Mais il est bien entouré : ses deux ex-femmes, sa fille Lolita, son fils Malone qu’il voit régulièrement et moi-même. Et puis, il n’aime pas trop qu’on le présente dans la presse people comme une espèce de clochard qui tombe dans la rue. Ça le touche beaucoup. C’est le seul effet bénéfique des articles alarmistes sur lui : ça le secoue un peu et ça lui redonne la volonté de s’en sortir.
Frédéric Seront
« Dans l’intimité de Renaud », 192 p., Best of Company.
Source : Ciné Télé Revue