Renaud, bientôt du nouveau

Rock Hebdo

N° 24, septembre 1978

Q. — Il est pas bidon ton blouson. Combien d’albums t’as vendu pour te payer ça ?

R. — 50 000 du second, 20 000 du premier, 450 000 45 tours de « Laisse béton ».

Q. — Tu as dû faire une belle carrière dans les hits-parades ?

R. — J’ai été le premier un peu partout, R.T.L., Sud Radio. Radio Monte-Carlo.

Q. — Et tu peux encore sortir dans la rue ?

R. — Plus tellement, surtout il y a quelques mois lorsque je faisais beaucoup de télé. C’est surtout les gosses, mais il y a même des adultes qui me demandent des autographes. C’est dur.

Q. — Depuis quand tu chantes ?

R. — Ça fait dix ans. J’ai commencé en 68 dans les meetings anars.

Q. — Est-ce qu’il y a eu un effort promotionnel de ta maison de disques ?

R. — Pas spécialement. Ça s’est fait tout seul. La presse et la radio parlent de moi parce que ça marche.

Q. — Et ça se passe bien avec eux ?

R. — Oui, en fait ils sont vachement surpris de trouver des mecs qui chantent des trucs de mon genre et qui sont gentils.

Q. — Tu aimes le rock ?

R. — Oui. il y en a un dans mon prochain album. J’aime bien le vrai rock, Chuck Berry, Elvis. Et j’aime bien Eddy Mitchell et Johnny.

Q. — Et le folk ?

R. — J’aime pas tout. J’aime bien les occitans, Marti, et Julos Beaucarne aussi.

Q. — La vieille chanson française ?

R. — Ah oui, bien sûr ! J’adore Piaf, Berthe Sylva, Fréhel, Damia. Bruant m’a influencé, surtout dans le premier album

J’aime aussi Montehus, un type moins connu qui a composé « Gloire au 17e », sur l’histoire du régiment qui a refusé de tirer sur les mineurs en grève, et d’autres chansons qui parlent de la lutte des classes et de choses comme ça.

Q. — Et l’accordéon ?

R. — J’ai pris pendant six mois des cours d’accordéon. Je savais jouer des tas de truc, j’ai arrêté parce que j’en pouvais plus de faire des gammes.

Q. — Tu joues sur scène avec un groupe électrique maintenant ?

R. — Oui, ce sont les anciens accompa­gnateurs des Enfants Terribles, « les quatre vents ». Il y a une batterie, basse, claviers, guitare électrique, flûte, banjo, etc.

Q. — Pas d’accordéon ?

R. — Jusqu’à maintenant, il n’y en avait pas parce qu’ils sont déjà cinq et qu’il fait pouvoir payer convenablement les musiciens. Mais à la rentrée, on va en rajouter un, car ça manque vraiment.

Q. — Vous faites beaucoup de galas ?

R. — On a commencé au printemps de Bourges. Depuis on a dû en faire une cinquantaine.

Q. — Tu passes en vedette ?

R. — Oui, en principe. J’ai fait quelques premières parties d’Alain Souchon.

Q. — Et tu amènes beaucoup de monde ?

R. — C’est assez variable, mais dans une ville où Claude François avait amené 300 personnes il y a quelques années, j’en ai fait autant. Mais il y a souvent 800 ou 1 000 personnes.

Q. — Ça change du café-théâtre les grandes scènes ?

R. — Oui, j’aime mieux le café-théâtre. Je parle beaucoup au public et dans les grandes scènes en plein air avec 6 000 personnes autour, c’est pas simple. On ne voit pas le public.

Q. — Qui s’occupe de tes tournées ?

R. — Au début je n’ai pas voulu m’enga­ger avec un tourneur, c’est un copain qui s’en est occupé. Mais à la rentrée je vais travailler avec des tourneurs établis. Je voudrais faire une tournée des M.J.C. en banlieue, jouer dans les bals. Je fais aussi une série de concerts au Théâtre de la Ville à l’automne.

Q. — Tu as déjà chanté hors de France ?

R. — Je ne suis jamais allé hors des pays francophones et mes disques n’y sont pas sortis. En Suisse, en Belgique, je suis très connu. J’ai gagné le premier prix du festival de Spa avec « Chanson pour Pierrot ». Et en Algérie, « Hexagone » est numéro un. Juste retour des choses. Quand ça passe dans les juke-box, les gens applaudissent à la fin.

Q. — Ça marche sur scène ?

R. — Oui très bien et sur tous les publics. Les jeunes bien sûr, mais aussi les gosses de plus en plus, et les gens de 40 ans aussi.

Q. — Bientôt un prochain album ?

R. — Il sort en novembre, j’ai essayé de conserver un côté amateur, bien que depuis que ça marche, j’ai tous les crédits que je veux. On a déjà enregistré quelques titres, « Chanson pour Pierrot/Le tango de Massy-Palaiseau/Le rock n’roll de Roubaix-Tourcoing ».

Propos recueillis
par Vince ELVRETT

Source : Rock Hebdo