Renaud : Boucan d’enfer

Libération

Par Ludovic Perrin
Publié le 31 mai 2002 à 23h39

Critique

Renaud
Boucan d’enfer
(Ceci-cela/Virgin).

Une séparation a conduit ces dernières années Renaud vers la dépression éthylique. Secret de polichinelle savamment entretenu et qui renforce aujourd’hui le chanteur dans son image de dur au coeur tendre. Ricard en main, reprenant à bon compte l’assertion schizophrène Gainsbourg-Gainsbarre, «Renaud le Renard» rompt sept années de silence discographique. Puisant d’abord dans le fait divers banlieusard, l’écriture du gavroche aux allures d’Aristide Bruant tout aussi faussaire a vite perdu en humour dès lors qu’il s’est agi de traiter l’actualité politique. Cette acrimonie a mué dans Boucan d’enfer en méchanceté pure, mélasse du ressentiment dans laquelle Renaud s’exerce à son nouveau jeu favori : les jugements sans procès. Exemple, l’Entarté où les comptes se règlent avec «le philosophe des beaux quartiers, la chemise blanche en décolleté» davantage sur des clichés médiatiques que sur la pensée d’un écrivain rebaptisé «BHV». Les délits de sale gueule et autres raccourcis idéologiques confinant à de la malhonnêteté intellectuelle n’ont jamais autant servi la démagogie maison. C’est cela le populisme dont la saison s’inquiète, une façon d’entrevoir le monde qui semble ronger le pays.

 

Sources : Libération et Le HLM des fans de Renaud