Fred DELFORGE – 06 Août 2002
Revoilà l’enfoiré au grand cœur, l’homme à la chetron sauvage … On en rêvait, Renaud l’a fait ! Guéri de ses errances éthérées et rentré de ses escapades maritimes, le rebelle au casque d’or nous revient avec cette gouaille qui a fait sa légende et cet amour des mots qui le pousse toujours et encore à colorer une langue française qui sans lui serait bien maussade … Si on retrouve Jean-Pierre Bucolo, le guitariste et ami, le Titi de « La mère à Titi », on note l’absence des traditionnels Jean-Louis Roques et Amaury Blanchard respectivement remplacés à l’accordéon et à la batterie par Gwenaël Micault et Claude Salmieri. C’est Dominique Grimaldi qui tient la basse tandis qu’Alain Lanty s’assoit au piano, que Jean-François Berger s’installe aux claviers et que Denis Benarrosh assure les percus. Le violon de Pierre Bloch et la mandoline de Mick Larie viennent parfaire l’ensemble et couronner le retour du grand Renaud qui a mis toutes les chances de son côté en confiant le mixage à Phil Delire, la réalisation à Titi Bucolo, en enregistrant aux Studios ICP de Bruxelles avant de faire le mastering aux légendaires Studios Abbey Road … Un retour en fanfare en quelque sorte, histoire de faire pour l’occasion un « Boucan d’Enfer » !
Si Renard a souvent eu la gueule de bois, Renaud n’en a pas pris la langue et c’est le plus simplement du monde qu’il dit ce qui lui passe par le cœur. Que ce soit « Petit pédé » dédié à ses potes homos ou « Je vis caché » qui dénonce les aberrations du système médiatique, les compositions viennent du fond des tripes de ce poète des temps modernes. Le loubard à des états d’âmes et ne les cache pas. Parfois empreint d’une tendresse teintée de nostalgie comme sur « Cœur perdu » ou « Mon bistrot préféré », parfois triste et offusqué comme sur « Baltique » ou « Corsic’armes », parfois cynique à l’image de « L’entarté », Renaud s’évertue à faire du Renaud et c’est pour ça qu’on l’aime. Deux hymnes ont d’ores et déjà fait leur trou, « Docteur Renaud, Mister Renard » bien sûr, mais aussi le cinglant « Manhattan-Kaboul », en duo avec Axelle Red, qui fait mouche avec ses guitares subtiles et ses textes croustillants. Les sceptiques se demanderont ce que vient faire la donzelle dans cette histoire … Rien ne pourra pourtant atténuer le bonheur de retrouver le philosophe urbain, au même titre que rien ne pourra lui enlever l’amour qu’il porte à Dominique et Lolita, ses deux muses éternelles. En véritable fonds de commerce de la chanson française, Renaud reprend ses activités salutaires et revient ouvrir les yeux d’une société qui risquait de s’endormir sans son intervention. Un chef d’œuvre qui se pare des superbes illustrations de Titouan Lamazou pour envahir les bacs des disquaires … Incontournable !
Sources : Zicazic.com et Le HLM des fans de Renaud