Le 18 août 2003
Par Pierre Derensy
Tout commence par un Hexagone en arabe chanté par je ne sais qui vu qu’il est pas là et que c’est craché dans la sono sans voir le vrai Renaud. Puis soudain, tout s’éclaire et le messie arrive. Bon il a pris quelques rides et le bide est quand même rembourré mais bizarrement la voix s’est améliorée, le perf est toujours là et il faut que je l’avoue : il est unique. C’est un copain qui revient à la maison. On démarre sur les chapeaux de roue avec un Docteur Renaud – Mister Renard sorte d’oraison funèbre car selon le chanteur, il ne « broierait » plus que de l’eau et aurait tué le Ricard le renard. Effectivement il semble en forme. Il emmêle ses « vieilles chansons » comme il dit avec ses nouvelles. Tout est ciselé, tressé au poil. Dans l’unique but de faire oublier que le père Séchan est déjà à 30 piges de carrière : le Picon-Bière et les gitanes ça conserve apparemment. Bien sûr on ne l’empêchera pas de jouer les démagos dans ses interpellations au public mais c’est pour servir de l’amour à une salle entière. Quand il enchaîne des Germaine des Marche à l’ombre ou des Manhattan Kaboul c’est toute l’assemblée qui reprend en cœur. Et il aime ça le cabot ! Il aurait même plus besoin de chanter tellement les cœurs sont puissants. Un sacré disque live en perspective vu que Lille a été choisi pour illustrer la tournée en CD et en premier DVD de sa carrière. Sachant s’entourer de musiciens hors pair, on voudrait faire durer la nuit ad vitam etcetera, mais point trop ne faut et c’est au bout de 2h30 de concert qu’il quitte la scène pour aller j’espère faire du sport aux bars parallèles. Je conseille à tous ceux qui ont le blues, qui ont un cœur cassé, qui ont besoin d’amour d’aller voir ce mec, il a un effet thérapeutique incroyable. Je le sais j’en ai bénéficié. Encore une fois mais tu le savais déjà : on t’aime Renaud !
8 ans à attendre de ses nouvelles, et le voilà, de retour, changé, meurtri mais vivant. Léo Ferré disait le bonheur c’est du chagrin qui se repose et bien Renaud c’est du bonheur de l’entendre parler de son chagrin.
Nous causer de son bel amour, sa domino, qui est partie laissant le Docteur Renaud et le Mister Renard à son Ricard à l’eau. Je sais c’est dégueulasse mais il a jamais si bien chanté, il a jamais si bien écrit, il vient sûrement de faire son meilleur album. Parce que ce sont des histoires de bistrots, des histoires d’homme blessé qu’il nous raconte là.
Bien sûr il garde ses quelques chansons tatata comme L’entarté une mise en abîme de BHL et une mise en avant du gloupier, ou encore Mon nain de jardin mais Renaud à 50 balais c’est autre chose, il doit se confesser, parler de ses années noires, sans amour, seul avec sa peine accoudé à un bar cherchant dans ses disparus (mon bistrot préféré) si cher à son cœur, un moyen de se consoler. Avec la seule désabusion (dixit Séchan). Il entonne des couplets toujours brillants sur Je vis caché, Tout arrêter, pour finir par dépasser Le maître, son maître : le grand Georges dans une chanson on ne peut plus magnifique, magistrale, grandiose Coeur perdu. A elle seule, l’achat de l’album ne se discute pas. Que dire des musiques de son poto Bucolo pour le coté énervé, et le petit nouveau Alain Lanty qui colle à merveille à ces textes du mal-vivre. Mais Renaud restera toujours Renaud et s’en va également défendre des Petit pédé pour faire un contre-champ contemporain à l’éternel Comme ils disent. A peine peut-on critiquer le duo inutile avec Axelle Red pour revenir aussitôt à l’essentiel.
Renaud est à nouveau là et sa présence va à coup sûr faire un boucan d’enfer dans l’hexagone.
Source : Le HLM des Fans de Renaud