Le chanteur a connu « l’un des plus beaux jours de sa carrière » samedi soir aux Victoires de la musique en remportant trois trophées dont celui du meilleur artiste masculin et du meilleur album de chansons-variétés de l’année.
La 18e édition des Victoires de la Musique a récompensé les retours au premier plan de Christophe et d’Indochine, mais surtout de Renaud qui a fait carton plein en remportant les trophées dans les trois catégories pour lesquelles il était nommé: meilleur artiste masculin, meilleur album de chansons-variétés de l’année, et meilleure chanson originale de l’année.
Au total, treize trophées ont été décernés au cours de cette soirée de près de quatre heures présentée samedi au Zénith de Paris par Jean-Luc Delarue et Michel Drucker, et diffusée en direct sur France-2, suivie par 4 millions de téléspectateurs.
La Québécoise Lynda Lemay a été consacrée pour la première fois artiste féminine de l’année, alors que Renaud s’est imposé dans la catégorie des artistes masculins.
Mais le chanteur a aussi obtenu le trophée de l’album de chansons-variétés de l’année pour «Boucan d’enfer». Un retour en fanfare pour le chanteur qui avait eu un électrochoc sur la scène des Victoires de la musique en 2001. Il avait alors décidé de laisser de côté ses idées noires et de reprendre le chemin des studios. D’où un album largement introspectif, avec ses chagrins d’amour, mais aussi tourné vers le monde.
La guerre
«C’est un des plus beaux jours de ma carrière», a affirmé Renaud en recevant son trophée pour la chanson originale de l’année, «Manhattan Kaboul», composée trois mois après les événements du 11 septembre et chantée avec la Belge Axelle Red, qui s’est félicitée du fait que la France et la Belgique fassent partie «des pays opposés à la guerre».
Faisant également référence à l’actualité internationale et à la crise irakienne, Sanseverino a profité de la remise de son prix dans la catégorie «artiste révélation scène de l’année» pour dire «qu’il y a une guerre qui se prépare, et c’est con».
Outre Renaud, les «Victoires» ont consacré deux autres retours au premier plan. Indochine d’abord qui, deux décennies après ses premiers succès comme «L’Aventurier», a été récompensé dans la catégorie du meilleur album pop-rock de l’année pour «Paradize». Christophe ensuite qui, 37 ans après «Aline», la chanson qui l’avait révélé, est remonté sur scène à l’Olympia et s’est imposé dans la catégorie «spectacle musical-la tournée-le concert de l’année».
Le public, appelé à voter pour le groupe ou l’artiste révélation de l’année et pour la chanson originale, a élu respectivement Natasha St-Pier et «Manhattan Kaboul».
Pour sa part, Vincent Delerm a été récompensé pour «l’album révélation de l’année».
La victoire du meilleur album de musiques électroniques-techno-dance de l’année a été attribuée à «La revancha del Tango», de Gotan Project, celle du meilleure album rap/hip-hop à «Solitaire», de Doc Gyneco, et celle du vidéo-clip à «Tournent les violons», de Jean-Jacques Goldman, réalisé par Yannick Saillet.
Inquiétudes
Critiquant la présence de militaires français en Afrique, Tiken Jah Fakoly, récompensé pour «Françafrique» dans la catégorie «album reggae-ragga-world de l’année» (ex-aequo avec «Umani» d’I Muvrini), a profité de sa montée sur scène pour «réclamer l’indépendance totale de l’Afrique».
La cérémonie a également été marquée par un intense moment d’émotion avec la remise d’une victoire d’honneur à Serge Reggiani, 80 ans, monstre sacré de la chanson et du cinéma qui, très ému, a remercié le public pour son accueil.
Les intermittents du spectacle, inquiets pour leur avenir, ont transmis un message par l’intermédiaire d’un de leurs représentants monté sur scène. Expliquant que la plupart des artistes et des techniciens sont des intermittents, il a affirmé que «leur régime d’assurance-chômage est une fois de plus menacé par le MEDEF (Mouvement des entreprises de France), comme sont menacés des secteurs entiers de la culture».
«Les budgets de la culture sont en retrait, c’est une menace contre la musique, contre le spectacle vivant», a-t-il averti, refusant «la désertification culturelle», et appelant à une grève générale de l’ensemble du monde du spectacle pour le 25 février, avec une manifestation à 18h de la Bastille à la Madeleine.
Les lauréats précédents
L’année 1989 n’apparaît pas, les organisateurs ayant décidé au cours de la saison de décaler au printemps la cérémonie qui se tenait jusqu’alors à l’automne.
(N.D.L.R. : Artiste interprète masculin de l’année)
1985 : Michel Jonasz.
1986 : Jean-Jacques Goldman.
1987 : Johnny Hallyday.
1988 : Claude Nougaro.
1990 : Francis Cabrel.
1991 : Michel Sardou.
1992 : Patrick Bruel.
1993 : Alain Bashung.
1994 : Alain Souchon.
1995 : MC Solaar.
1996 : Maxime Le Forestier.
1997 : Charles Aznavour.
1998 : Florent Pagny.
1999 : Alain Bashung.
2000 : M.
2001 : Henri Salvador.
2002 : Gérald de Palmas.
Source : Le Nouvel Obs