« Renaud confidentiel » : BFMTV recycle les pires moments du chanteur dans un triste documentaire

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Par Odile de Plas

Pour percer un soit-disant « mystère », la chaîne d’information s’appuie sur l’autobiographie du chanteur, les secrets de « copains » et des anecdotes montées en épingle. Navrant.

Le chanteur Renaud dans la rue Vieille-du-Temple à Paris, en juin 1978. Photo Giancarlo Botti/GAMMA RAPHO

De Renaud, on a beaucoup raconté, lui le premier, dans ses chansons, les coups de gueule et les engagements. On s’est beaucoup inquiété, aussi, devant sa longue dégringolade dans les affres de l’alcoolisme, qui n’a jamais entamé l’affection que lui porte le public français depuis plus de quarante ans. Que pouvait donc apporter un documentaire de BFMTV dans cette histoire ? Quelques « secrets » qui permettront de percer « le mystère », promet la chaîne d’information, fidèle à ses codes éditoriaux un peu racoleurs.

En fait de secrets, le documentaire s’appuie sur les révélations et les confessions faites par le chanteur dans son autobiographie (Comme un enfant perdu, XO Éditions, 2016) : la découverte de la dérive fasciste de son grand-père anarchiste et mineur qui s’engagera au Parti populaire français, la révélation d’une demi-sœur aînée qu’il croyait sœur, la jalousie de son père, professeur et écrivain sans succès, face à la popularité de son fils, chanteur. Voilà pour les « secrets » de famille. Également au sommaire, les secrets de « copains ». Notamment des deux anges gardiens, d’anciens fans, qui veillent une semaine sur deux et vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur leur idole devenue ami dans sa maison de L’Isle-sur-la-Sorgue, son refuge provençal. Et des anecdotes montées en épingle sur la création de ses plus grands tubes, Mistral gagnant ou Manhattan-Kaboul.

Le portrait qui se dessine finit par être d’une tristesse sans fond, en dépit des témoignages des amis et admirateurs qui viennent rappeler son talent d’observateur ou d’écriture. Il s’achève par l’explication ultime de ce « spleen » qui le ronge depuis tant d’années et sert d’épais fils rouge au documentaire : la maladie mentale dont il souffre et sur laquelle il s’est régulièrement exprimé dans les médias – des tendances maniacodépressives, avec bouffées paranoïaques aggravées par son voyage en URSS en 1985, dont il reviendra bouleversé. En dépit du ton bienveillant, on ressort de cette compilation des pires moments de Renaud avec le sentiment d’avoir feuilleté un de ces magazines people que l’artiste abhorre, pour percer un mystère cousu de fil blanc.

    • Ligne rouge : Renaud confidentiel, documentaire de Marie Peyraube, Étienne Grelet et Marlène Lartigue, lundi 10 avril, 20h50, BFMTV.

  

Source : Télérama