« Renaud dans mes cordes », le pari osé mais gagnant de Renaud

Moustique

Par Charles Van Dievort | Mercredi 8 février 2023 11:45

Nous avons assisté à la première date belge de la tournée surprise de Renaud accompagné au piano et par un ensemble de cordes. C’était au Théâtre Royal de Mons et c’était une belle soirée.

« Renaud dans mes cordes », le pari osé mais gagnant de Renaud

Renaud était au Théâtre Royal de Mons mardi soir pour la première de ses deux dates dans la très agréable salle montoise. C’était le troisième concert de sa tournée « Renaud dans mes cordes » et le premier des six rendez-vous qu’il a avec le public belge dans les mois à venir (il est encore à Mons ce mercredi 8 février, puis il sera les 21 et 22 mars au Forum de Liège, et les 22 et 23 mai au Cirque Royal à Bruxelles).

C’est peu dire qu’il y avait du monde pour l’applaudir à Mons. Le Théâtre royal était plein à craquer avec un public transgénérationnel. La preuve avec Freddy et sa famille, tous venus de Maubeuge, pour fê­ter ses 59 ans. Treize person­nes représentant trois généra­tions. Freddy est morgane de Renaud depuis le début des années 1980 et c’est peu de le dire. Ses filles s’appellent Mor­gane, Lola et Héloïse (la chan­son « Héloïse » est parue sur l’album Renaud, en 2016). Il y a aussi Anaïs, prénom inspiré par la chanson « Anaïs Nin » interprétée par Renaud en duo avec Romane Serda. Il s’il devait encore y avoir un doute sur le fait que Freddy a Renaud dans la peau, celui que l’on surnomme Papy Renaud soulève sa manche gauche pour dévoiler le visage de Renaud tatoué sur son avant-bras.

Tous morgane de Renaud

Un coup d’œil dans la salle et le constat s’impose : le public de Renaud est plus transgénérationnel que jamais. Il y a des vieux de la vieille, des quinquas, des quadras, des trentenaires, des ados et des enfants. Même des petits enfants ! Et tous connaissent par cœur les textes comme cela se vérifie pendant le concert.

Certains arborent le fameux bandana rouge, d’autres ont déjà fait le plein au stand merchandising. Précision utile : Renaud à de la considération pour son public si quelqu’un en doutait encore. 25 euros le t-shirt (toutes tailles !), 10 euros le bandana et 5 euros le poster, on est loin des prix prohibitifs qu’on a l’habitude de voir sur d’autres stands du genre depuis quelques années !

À 20 heures précises, le public se fait entendre. Les salves d’applaudissements et les « Renaud, Renaud, Renaud » fusent de toutes parts. Ce n’est pas l’ambiance de finale de Champions League constatée en 2016 à Forest National – normal, il s’agit d’un théâtre – mais tout le monde est chaud pour accueillir celui qui avait dit tirer un trait sur la scène. Dix minutes plus tard, levé de rideau et tonnerre de vivats pour recevoir l’hôte du jour. C’est parti pour 80 minutes d’un concert mené tambour battant, avec juste ce qu’il faut d’interaction avec le public.

Pari gagnant

Renaud dans les cordes, c’est le subtile et très poétique Alain Lanty au piano, un ensemble de 8 cordes et un accordéon. Une configuration originale qui revisite un répertoire gravé dans la mémoire collective. Cependant, pas de « HLM », d’ « Hexagone » ni de « Manhattan Kaboul » au menu de la soirée. Renaud a laissé de côté le chanteur engagé, même s’il chantera « La Médaille » de façon fort bien sentie. Peut-être pour réaffirmer qu’il n’a pas tourné sa veste en chantant « J’ai embrassé un flic » en 2016, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo ? « Ce tour de chant, dit-il, je l’ai composé qu’avec des chansons que j’aime. Ce sont mes préférées. » Et parmi ses préférées, il y a beaucoup de chansons d’amour.

Le décor est sobre, les éclairages intimistes. La vedette, ce soir, c’est Renaud tel qu’il est. Sans artifice. Pas de chœurs cache-misère, pas de doublure vocale. Le chanteur assume et assure avec ses mots. Ceux-ci font mouche auprès de l’assistance qui ne manque pas de réagir ou de chanter avec lui. « En cloque », « Manu », « Le petit chat est mort », « C’est quand qu’on va où ? », « Son bleu » sont de la partie. « La pêche à la ligne » comble le public, tout comme « Morgane de toi » et « Dès que le vent soufflera… » repris en chœur par toute la salle. Idem pour « La ballade nord-irlandaise » qui clôture le rappel et le concert.

Et que dire de ce « Mistral gagnant » ? Juste qu’il s’agissait d’un moment où le temps était suspendu. Une bonne chanson sera toujours une bonne chanson, quels que soient les arrangements avec lesquels elle est proposée. Force est de constater que le répertoire de Renaud est solide tant il se marie parfaitement avec le piano d’Alain Lanty, l’accordéon et l’ensemble à cordes (y compris quelques notes de guitare par-ci par-là).

« Vous vous en foutez de ma voix, hein? »

Et la voix, vous demandez-vous, elle était comment? Elle est ce qu’elle est, ni meilleure qu’en 2016 ni pire. Personne n’a jamais été voir Renaud sur scène pour entendre une per­formance vocale à la Helmutt Lotti ou Pavarotti ! Le chan­teur lui-même le sait très bien quand il lance à son public « Vous vous en foutez de ma voix, hein? ». La réponse fuse: « Re­naud, tu es le meilleur. »

La standing ovation qui a ponctué le concert avant le rappel en est la preuve : le public est venu écouter le Renaud qu’il aime, celui de mots. Il a apprécié, il a aimé, il a adoré sa soirée. Renaud leur a procuré du bonheur le temps d’une soirée, en toute sincérité, sans tricher. N’est-ce pas là le plus important. En tout cas, Papy Renaud avait la larme à l’œil et la voix pleine d’émotion au moment de quitter le Théâtre Royal.

Charles Van Dievort

En concert au Forum de Liège les 21 et 22 mars, et les 22 et 23 mai au Cirque Royal de Bruxelles. Réservations : www.ticketmaster.be

  

Source : Moustique