Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA)
La tournée Boucan d’enfer a fait halte pour la seconde fois cette année au Rhenus. Plus de trois mille personnes ont réservé un accueil chaleureux à un Renaud un brin fatigué. La place du village basque éclairée de lampions multicolores n’a pas bougé. Les musiciens inondent la salle d’une musique soutenue, calibrée. Renaud, fidèle à lui-même, cuir et pantalon noir, démarre : Docteur Renaud, Mister Renard…
Un amour tout neuf
Deuxième date pour la tournée Boucan d’Enfer à Strasbourg, le concert aura logiquement drainé moins de monde. Mais les réactions enflammées de la foule atteste de l’impact inébranlable du chanteur. A ses intermèdes coutumiers, réflexions sur l’actualité et sur son être malmené par la vie, font écho invariablement les clameurs ou rires d’une assemblée des plus réactives. Renaud dit son amour tout neuf pour la jolie Romane, sa colère contre les injustices les plus notoires de ce monde ou sa tendresse pour sa grande fille. Comme toujours. Mais point de lassitude dans les rangs. Sa voix éraillée, qui participe certes du personnage, lui est volontiers pardonnée. Pochtron, En cloque, Le déserteur, Mistral gagnant, Manu, les titres emblématiques de l’ami Renaud, rafraîchis pour l’occasion, renvoient aux années de révoltes, aujourd’hui loin derrière. Le jeu de scène a lui toujours été minimaliste, un geste de la main, quelques mimes hésitants et surtout les deux mains collées au micro. Et le pont se fait naturellement entre ces morceaux, symboles de toute une génération, et les derniers nés : Mon nain de jardin, gentiment ironique, Manhattan-Kaboul, le raz de marée commercial ou encore Mon bistro préféré, poétique à souhait. Sauf qu’ici, le son studio de l’album disparaît. La voix brute prend de l’amplitude, négocie difficilement les aigus, et surtout doit composer avec l’intransigeance du « live ». Cette année, aux XVIIIe {2020} Victoires de la musique, Renaud a empoché pas moins de trois titres, dont celui de « Meilleur artiste ». De quoi faire la nique au Renard, sournois démon éthylique. De quoi surtout être assuré du soutien du public, si besoin était, chorus indéfectible. Sur les dernières notes de Mon HLM, Renaud ferme la porte de son bar pour la nuit… une bouteille d’eau à la main.
Myriam Ait-Sidhoum
Source : Le HLM des fans de Renaud