Renaud débranché

Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA)

24 mars 2000


Avec rien de bien neuf dans sa besace un peu usée, le chanteur, estampillé contestataire, Renaud était récemment de passage au Phoenix, devant un public, forcément acquis à sa cause. Un triomphe aux accents de requiem…


Depuis quelque temps lorsqu’un musicien est en panne d’inspiration, il fait dans le « unplugged », le débranché. Soit la version acoustique de ses chansons. Renaud s’y est donc mis lui aussi, avec un pianiste et un guitariste, histoire de ne pas se faire oublier complètement. Et ça fonctionne plutôt bien, puisque le chanteur, toujours communiste tendance Pif le chien, jambes arquées, tonsure jaunâtre et perfecto, n’a pas vraiment évolué et que ces ritournelles ont aujourd’hui un côté un brin nostalgique pas du tout déplaisant. Ici ou là, on évoque cette tournée comme une psychothérapie active de l’artiste, et la logorrhée verbale de celui-ci confirme cette rumeur.

Saillies et rancœurs

Alors si les chaises (le concert était prévu en places assises), accentuant encore le côté planplan de l’opération, ont vite été sacrifiées, un sentiment de malaise nous a bien vite submergés. Quelque chose comme le trouble de voir Renaud, le rebelle, remâcher ses révoltes comme un ancien combattant, et alterner les saillies de salles de garde et les rancœurs mal digérées. Alors bien sûr, il reste ses regard éternels sur l’enfance, son amour de l’autre, mais tout cela sent un peu le renfermé. Voilà, Renaud ne semble plus en phase avec son époque. Il court derrière une nostalgie qui lui échappe de plus en plus, saluant, en un énième reniement, Mitterrand, et sacrifiant, sur l’autel d’un hypothétique retour de flamme, son image en caricature exacerbée. Laisse béton, Renaud !

 

Source : Le HLM des Fans de Renaud