Renaud : décryptage d’un retour gagnant

Télé 2 Semaines

mercredi 11 mai 2016 à 13:00 – par Corinne Calmet

Après dix ans d’absence et de dérives alcoolisées, Renaud est revenu avec un nouvel album salué par la critique et plébiscité par le public. 300 000 exemplaires vendus en 10 jours, du jamais vu…depuis 13 ans. Un beau cadeau pour celui qui fête ce 11 mai ses 64 ans.

Et dire que l’industrie du disque est en crise ! Téléchargements obligent, la vente physique d’un disque à quelques milliers d’exemplaires fait désormais office de « carton ». Comment qualifier alors le triomphe de Renaud qui a écoulé 300 000 exemplaires de son dernier album en seulement 10 jours ? Du jamais vu depuis… 13 ans et un certain Johnny Hallyday qui avait réalisé un exploit similaire avec « A la vie à la mort ». Le retour gagnant de Renaud, longtemps détruit par sa dépendance à l’alcool, épate donc autant qu’il émeut car il relève du miracle. Amis, proches et fans ont su lui redonner « la banane ». Sa volonté de fer et son talent ont fait le reste.

Une histoire émouvante

« Ces dix ans… c’était l’enfer. Je titubais, je gerbais partout, j’étais pas bien, pas beau à voir, lessivé. Je ne voulais plus chanter, ni monter sur scène, tout ça à cause de ce putain d’alcool » confiait récemment Renaud au JT de 20h de France 2. Le chanteur avait déjà cédé à ses vieux démons de 1995 à 2002 avant de les vaincre… provisoirement. Car trois ans plus tard, de nouveau, l’homme bascule dans les idées noires et les verres de jaune. « Je buvais jusqu’à 1 litre de pastis par jour » avoue-t-il. En 2011, il divorce de Romane Cerda qu’il avait épousée en 2005. Et dès lors, même l’amour qu’il porte à leur fils Mallone ne suffit plus à lui redonner goût à la vie et à l’écriture. La spirale infernale prend fin en octobre 2015, lorsqu’il reçoit la visite de Grand Corps Malade…

Un déclic inattendu

Alors que Renaud fréquente toujours assidûment les bistrots de l’Ile-sur-la-Sorgue, où il réside parfois, le slamer vient lui proposer un projet original : écrire une chanson qui comporte la phrase « il nous restera ça » : « J’ai écrit les deux premières phrases puis Renaud a continué (…) Ça nous a pris 3 ou 4 heures et je crois qu’il était content à la fin. » nous raconte Grand Corps Malade. « J’ai eu envie d’écrire un autre texte et puis un troisième. C’était miraculeux. » poursuit Renaud.

Un magnifique album pour le public, une thérapie pour lui

« C’est sorti comme un flot. En deux semaines, j’avais écrit 12 chansons » se souvient-il. « C’est une thérapie, une façon impudique de livrer son âme, son cœur, ses joies, ses colères, ses amours. » Le guitariste Michael Ohayon, compagnon de scène depuis 20 ans, ainsi que Renan Luce, son ex-gendre, composent alors un écrin musical à tous ces joyaux. Le public ne peut qu’être ému en écoutant Toujours debout, qui exprime la renaissance de Renaud, ainsi que « Petit bonhomme » et « Héloïse » respectivement dédiés à son fils et sa petite fille. Et satisfait de retrouver le citoyen engagé à travers « J’ai embrassé un flic » et « Hypercasher », superbes hommages aux victimes des attentats parisiens…

Une volonté de fer

Le poète sensible a su raconter ses maux en couchant les bons mots. Mais le chanteur, lui, n’a plus de voix. Trop d’alcool et de cigarettes. Alors plus déterminé que jamais en cette fin d’année 2015, il se fait hospitaliser pour un check-up complet et une cure. Depuis maintenant 7 mois, Renaud n’a plus ingurgité une goutte d’alcool. Et prévient que « c’est pour toujours ». Sur sa lancée, Renaud montera sur scène dès l’automne. Il partira sur les routes pendant 6 mois. Aux tournées de ricard, il préfère désormais celle des Zéniths et autres scènes.