Accueil | Grand Sud | Vie locale | Aveyron
Publié le
La Dépêche du Midi
-Hasard du calendrier, c’est un Renaud tout auréolé de ses victoires de la musique obtenues samedi dernier, notamment pour le meilleur album et la meilleure chanson de l’année, que pourront apprécier les heureux possesseurs d’un billet pour le concert complet depuis déjà très longtemps qui aura lieu le jeudi 20 février, à 20 h 30, à l’Amphithéâtre de Rodez.
Dire que « Boucan d’enfer » est un album de fureur et de tendresse bourrue n’est un secret pour personne et surtout pas pour les fans inconditionnels et, bien au-delà, pour tous ceux qui se reconnaissent dans les engagements humanitaires multiformes du chanteur et les prises de position volontiers dérangeantes, hier contre la famine en Ethiopie, aujourd’hui contre la soif de pétrole de George W. Bush, via sa tontonite aiguë ou son amitié pour Johnny Clegg à l’époque de l’apartheid en Afrique du Sud. Il était tombé au fond du trou et avait noyé son mal-être dans l’alcool. Puis, peu à peu, il a repris confiance et l’inspiration est revenue. Peut-être plus forte que jamais car à la fois témoin de la tragédie de notre temps – « Manhattan-Kaboul » est sûrement une des plus belles chansons qu’il ait jamais écrites – mais aussi plus intérieur et plus personnel. C’est souvent sombre et mélancolique, comme un inventaire impudique de ses années de galère et d’angoisse, mais tellement humain qu’on est ému aux larmes de ses confessions de failles et de faiblesses. Chacun y retrouve en filigrane ses propres déchirures, ces petits arrangements dont on s’accommode vaille que vaille, dérisoires et peu glorieux. A 50 ans sonnés, c’est aussi l’heure de faire le point sur le chemin parcouru et sur celui qui nous attend, se retourner sans rougir sur son passé mais aussi embrasser l’avenir la conscience tranquille. Et là encore, Renaud fait mouche et nous bouleverse. De son image de gauchiste un peu attardé version soixante-huitard, il ne renie rien mais nous propose maintenant un prolongement plus serein et plus vrai, comme une synthèse réussie et toujours en devenir de combats altruistes et de bonheur personnel à faire pâlir beaucoup de monde. C’est probablement de ce côté-là qu’il faut chercher pour comprendre pourquoi il nous manquait tant. Et pourquoi son public est si large et si heureux de refaire un bout de chemin en sa compagnie. S’il a posé sa casquette de gavroche de « Germinal », il n’a pas pour autant renié ses engagements, et sa venue en août prochain sur le Larzac, avec Manu Chao, pour retrouver José Bové le prouve sans ambages, Renaud est de retour, plus secret et intime mais toujours plus déterminé et passionné.
Ceux qui n’ont pas de billet se consoleront tant bien que mal en s’offrant son dernier album si délicieusement illustré par Titouan Lamazou ou se rendront absolument au prochain festival Alors chante, à Montauban, dont il sera l’invité principal en mai prochain.
Jeudi 20 février à partir de 20 h 30 à l’amphithéâtre à Rodez.
J.-J.
Source : La Dépêche