Renaud dévoile ses secrets de famille dans son autobiographie

Le Parisien

Culture & loisirs

Par Éric Bureau (@Eric_Bureau) 

Le 27 mai 2016 à 07h00

MUSIQUE. Le chanteur se confie dans son livre «Comme un enfant perdu», paru jeudi.

Né le 11 mai 1952, Renaud, fils de l’écrivain Olivier Séchan (à gauche) et de Solange, a longtemps ignoré leur passé douloureux. (Collection personnelle.) (Collection personnelle.)

Renaud ne parlera pas. Son autobiographie, parue jeudi, parle pour lui. Cet homme de 64 ans se livre — avec la complicité de l’écrivain Lionel Duroy — comme jamais. Ses amis, ses amours, ses emmerdes, Renaud en a déjà fait le sel de ses chansons, mais il solde noir sur blanc ses comptes avec les démons qui lui ont pourri la vie : ses secrets de famille, sa culpabilité vis-à-vis de son père, écrivain au passé douteux, sa paranoïa, l’alcool… Comme on se débarrasse d’un fardeau pour mieux avancer.

Il défend son père traité de « collabo »

Première phrase, premier choc : « Je suis né dans une famille heureuse et dont j’ai longtemps ignoré les secrets. Ces secrets qui m’ont plus tard arraché des larmes, m’ont précipité dans la culpabilité. » A 12 ans, Renaud, cinquième enfant d’une famille de six, découvre que sa grande sœur Christine est en fait sa demi-sœur et que son père, Olivier, a été marié une première fois avec une femme disparue, ainsi que leur fils, le 7 juin 1944, dans un bombardement allié en Normandie.

Le second secret est encore plus lourd. Le gamin de la porte d’Orléans a alors 18 ans. Il a quitté le lycée et travaille dans une librairie du quartier Latin, lorsqu’un jour, un cousin le traite de « fils de collabo ». Il découvre que son père, Olivier Séchan, a travaillé pendant la guerre à Radio Paris, organe de la propagande allemande, et que son grand-père, Oscar, a été membre du Parti populaire français, parti fasciste sous l’Occupation, et a été emprisonné plusieurs mois à la Libération. Renaud prend leur défense : « Mon père ne prend aucune part à la propagande, se contente de traduire les dépêches en provenance d’Allemagne […] D’ailleurs, arrêté à la fin de la guerre, il ne sera retenu qu’une seule journée et aussitôt blanchi de tout soupçon par le tribunal. » Il n’empêche : « Fils de collabo, petit-fils de collabo, ai-je lu dans certains journaux. Je porte ces mots comme une croix sur mes frêles épaules. »

Autre croix, la culpabilité vis-à-vis de son père. « Le succès de mon fils me tue. » Cette phrase, Renaud la découvre dans le journal intime de son père, alors que lui-même fête le succès de son cinquième album, « le Retour de Gérard Lambert ». Il a toujours considéré son père, écrivain de romans policiers et de livres pour enfants, père « aimant, austère et pudique », comme un héros. Ce jour-là s’insinue en lui une immense culpabilité, qui ne l’a jamais quitté.

Victime d’un « délire paranoïaque »

« Mon couple avec Romane se fracasse sur les mêmes écueils que celui que nous formions avec Dominique : ma paranoïa, ma peur des Cubains, ma souffrance, mon angoisse, que je noie sous des flots d’alcool pour supporter le quotidien. » Renaud est allé deux fois en terres communistes, à Moscou en 1985 puis à Cuba en 1997. Il en est revenu les deux fois avec l’impression d’avoir été piégé. Pis, il se dit menacé de mort et restaure un vieux fusil au cas où. « Les communistes me veulent du mal, sans que je sache ce que j’ai commis pour mériter ce châtiment, écrit-il. J’ai peur pour Dominique et Lolita. En fait de protéger Dominique, je la rends folle. » Ce « délire paranoïaque », ainsi qu’il le nomme, s’est estompé depuis qu’il s’est récemment guéri de l’alcoolisme.

« Dominique, on se remarie ? »

C’est en substance ce que Renaud a demandé il y a peu à son ex-femme, qui lui disait son bonheur de le « revoir bien vivant ». Elle a éclaté de rire et ne lui a pas répondu, mais cet éternel amoureux n’abandonne pas l’idée. « Qui sait ce que les dieux nous réservent ? » écrit-il. En épilogue, il annonce son prochain album pour l’automne 2017. Un disque pour enfants, encore une première.

  

Source : Le Parisien