Renaud en concert à Sète, comme un retour aux sources

Midi Libre

Publié le 

MARC CAILLAUD 

Renaud entouré de Bruno Granier (à g.) et Benoît Falip, producteur du concert, le 5 juillet dernier, à Vaison-la-Romaine.
DR

Le chanteur à la « chetron sauvage » sera sur la scène du théâtre de la Mer ce mercredi 26 juillet.

« C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme, ta ta tin… ». C’était voici quarante ans. Les premières strophes de « Dès que le vent soufflera », titre d’ouverture de son sixième album studio, « Morgane de Toi ». Un triomphe. On ne connaît pas la set-list, mais peut-être ce tube retentira-t-il ce mercredi soir, sur les hauteurs de la Grande Bleue.

Brassens, la filiation

Renaud ne s’était produit qu’une seule fois à Sète, en 2000. Son retour, ce mercredi 26 juillet, au théâtre de la Mer, est évidemment un événement. Le ticket n’est pas donné – 75 € – mais l’ancien fort Saint-Pierre affichera complet pour applaudir ce monument de la chanson française, âgé de 71 ans, et reprendre en chœur les pépites de son immense répertoire.

Entre Renaud et Sète, il y a évidemment une filiation évidente : Georges Brassens (1921-1981). L’une de ses références absolues. Sa figure tutélaire. L’auteur de « Mon HLM » avait même sculpté en 1994 un bas-relief pour une plaque commémorative apposée dans la maison de l’impasse Florimont, à Paris, et consacré son douzième album studio (paru en mars 1996) à des reprises de l’illustre enfant du pays. Il faut dire qu’il avait baigné dans ses chansons depuis son enfance. Dans les années 1970, lors de leur unique rencontre, dans les coulisses d’une émission TV, Brassens lui avait décerné ce compliment : « Je ne connais pas toutes vos chansons mais celles que je connais, mon Dieu, qu’elles sont merveilleusement construites ! ». 

« Mon Dieu, mon maître »

Lors de sa venue incognito à l’Espace Brassens, en juin 2016, à l’initiative de Stéphanie Valois (lire encadré), Renaud avait dit : « Brassens, c’est un génie absolu, mon Dieu, mon maître. Un Dieu d’écriture et de littérature. Quand j’écris une chanson, à chaque fois, je me dis : « Si le père Brassens était au-dessus de mon épaule, il me dirait : « Pas mal ! Mais il faut continuer, remettre ton ouvrage sur le métier ». Ou alors : « Bien petit ». Et alors là je serais fier et quand je mets le mot « Fin » au bas d’une chanson, j’espère qu’il est fier de moi »

Et c’est presque tout naturellement que selon son vœu, la première partie de son concert sera assurée par un Sétois, et par n’importe qui : Bruno Granier, le petit-cousin de Brassens, dont le père, qui s’appelait également Georges, est toujours resté très proche du créateur de « Les Copains d’abord ». Bruno perpétue son œuvre, au chant et à la guitare, à la tête de « Les Amis de Brassens ».

Bruno Granier en ouverture

Ce fut déjà le cas le 5 juin dernier, à Vaison-la-Romaine. « J’avais rencontré Renaud en 1994 à l’impasse Florimont à Paris. Il y avait aussi Guy Béart, Isabelle Aubret, Maxime de Forestier… On avait joué. Renaud a un talent indéniable pour faire des chansons. C’est aussi quelqu’un qui a une patte. J’ai grandi avec « Hexagone », « Mistral Gagnant »… Jouer avant Renaud, c’est un cadeau. En concert, c’est comme une communion. À Sète, de surcroît, ce sera un moment particulier ».

Pour la petite histoire, la goélette que Renaud avait construite au début des années 1980 et qu’il a revendu ensuite est amarrée sur le bassin de Thau, et en cours de rénovation. Elle va retrouver son nom d’origine, Makhnovtchina, ainsi que le chanteur l’avait baptisée en hommage à Nestor Makhno (1888-1934), anarchiste ukrainien qui avait mené une révolution méconnue entre 1917 et 1921.

Guy Lamour sera le maître de cérémonie de cette soirée qui s’annonce d’ores et déjà, ne serait-ce qu’émotionnellement, exceptionnelle.


En juin 2016, à l’Espace Brassens

Le 20 juin 2016, Renaud était venu à l’Espace Brassens, sans que la presse soit conviée. Et ce suite au projet qu’avait proposé Stéphanie Valois, alors professeur de français au lycée Joliot-Curie, à ses élèves de seconde/ Il consistait à rédiger une lettre imaginaire que Renaud aurait pu écrire à Brassens. L’enseignante (qui travaille désormais à France-Inter) en avait eu l’idée en écoutant la chanson « Les Mots », sur son album qui venait de paraître. Le chanteur y expliquait comment se sortir des vicissitudes de la vie grâce, justement, au pouvoir des mots. Les textes des élèves avaient été transmis à Renaud qui, très touché, avait souhaiter les rencontrer.

Ce face-à-face s’était déroulé dans l’amphi de l’Espace Brassens. Il avait donné lieu à un bel échange, notamment sur les filiations littéraires et les sources d’inspiration de l’auteur de « Morgane de toi ». L’artiste avait clôturé cet entretien en chantant deux morceaux, « Les Mots », donc, et « En cloque ». Jeanne Corporon, adjointe au maire déléguée à la culture, était présente (photo ci-dessous). Elle garde « un merveilleux souvenir de cette rencontre. Renaud avait tenu à venir dans l’anonymat, très simplement. Il s’est montré très sensible. Il était très ému. »

Jeanne Corporon, adjointe au maire, et Charlélie Jardin, directeur du festival.
M. C.

  

Source : Midi Libre