Cécile LASCEVE
Journaliste, rédaction d’Indre-et-Loire
Publié le 31/01/2024 à 18:24 | Mis à jour le 01/02/2024 à 11:38
Parler à son idole au téléphone ? Un plaisir que m’a offert Renaud avant son concert Dans mes cordes à Tours, vendredi 2 février 2024. J’ai tremblé…
« Bonjour Renaud, je suis très émue… » Cette interview du chanteur m’est tombée dessus sans que je ne l’aie demandée. Pourtant, il m’était impossible de décliner. D’abord parce que ses interviews sont rares, « je n’aime pas trop ça » me soufflera l’artiste aux cinquante années de carrière. Ensuite parce que, née la même année que Lolita, ses chansons d’amour à sa fille, toute mon enfance, je les ai prises pour moi. Le chanteur « énervant », j’y suis restée attachée.
Deux jours, j’ai réfléchi à ce que je pourrai bien dire d’intelligent au pote de Manu, Dédé et Rita, au « militant du parti des oiseaux, des baleines, des enfants, de la terre et de l’eau… » dont l’humour, la plume et les engagements pour les droits de l’homme m’ont tant inspirée.
Il a vieilli, je l’écoute moins. Mais s’il est désagréable, j’aurai mal à ma jeunesse. « Allô Renaud ? » Je me présente et très vite, il me tutoie. L’échange est compliqué par ses difficultés à articuler. Alors, on s’organise : je meuble ses silences – trop sans doute – et, lui, répète quand j’ai mal compris.
« J’improvise un peu. C’est important de se livrer… »
Il explique « les émotions de la scène », un « grand bonheur » qui chasse « l’ennui quotidien » : « Jouer avec des violons, des violoncelles, ça me met en joie. Loin de mon public – c’est un combat de le garder – ça me manque », précise celui qui reçoit des milliers de lettres par an et y répond. Sur scène, il parle, beaucoup. « J’improvise un peu, sur mes chansons… C’est important de se livrer, de se donner à son public. »
Les critiques sur sa voix ? Elles ne l’atteignent plus. « J’ai l’habitude. Je n’ai jamais été un grand chanteur et mon public est au-dessus de ça. Et puis j’ai bien travaillé avec mon coach vocal depuis un an, on me dit même que j’ai progressé depuis la tournée de 2017. Moi qui fumais trois paquets par jour, j’ai arrêté. Je vapote ! »
Ses chansons ont été réorchestrées avec des instruments à cordes pour ne pas écraser cette voix abîmée par des années d’abus. J’ai un choc en parcourant les titres choisis pour le dernier album Dans mes cordes. Y figurent tous mes préférés, surtout les moins connus. « C’est moi qui les ai choisis, confie Renaud. Des chansons aimées des fans, mais oubliées du grand public. » Je lui suggère d’ajouter Les mots (2016), une de ses dernières qui m’a bouleversée. « Justement, j’envisage… »
« La politique française, désespérante »
Notre bavardage se poursuit sur ses convictions politiques. Ont-elles évolué ? « Anarchiste », il dit être resté. Ce qui l’anime aujourd’hui ? « Les enjeux Israël-Palestine, la politique française, désespérante. » La loi Immigration ? « Je n’ai pas suivi ce dossier. » Il écrit, pour un album qu’il espère voir sortir en 2025. « Avec des chansons d’amour. Pour l’instant, c’est l’amour qui me pousse. Je suis amoureux de Cerise, je vais l’épouser au mois de mai. »
Renaud est donc heureux. Et moi pour lui. Avant de raccrocher, il me remercie « infiniment ». Le soir même, j’ai ressorti mes vieux albums…
Concert, vendredi 2 février 2024 à 20 h, palais des congrès Vinci à Tours.
Source : La Nouvelle République