Vu et entendu à Genève
Après le Théâtre du Léman lundi, la «chetron sauvage», 70 ans, la voix pire que cassée, jouera au Métropole à Lausanne. Ambiance. Mélancolie.
«J’ai arrêté l’alcool il y a deux ans. Je ne bois plus que de l’eau.» Suspens. «J’ai arrêté la clope il y a six jours.» Le miracle, hélas, n’aura jamais lieu. Pour la millième fois, Renaud tente l’autodérision. Pour la millième fois, sa voix se brise.
Lundi soir, le Théâtre du Léman est tout plein d’une foule joyeuse et qui s’émeut. Pour la tournée «Dans mes cordes», Renaud a ramené ses lampadaires, de grosses loupiottes rondes disposées autour de la scène. Il y a là un pianiste, un accordéoniste et huit musiciennes en rang d’oignons, jouant violons, altos et violoncelles.
Le petit chat est mort
Le coup des cordes, c’est assez malin. Ça tire à fond sur la mélodie et pousse au maximum la mélancolie. Tout ce que Renaud ne peut plus faire. Ainsi parée, «La pèche à la ligne» est à chialer et «Cœur perdu» nous le fend comme la bûche d’un Noël solitaire. Idem «La teigne», pareille «La ballade nord-irlandaise». On frôle de peu le karaoké géant. Quel que fût votre talent vocal, ça n’aurait nullement gêné l’écoute des autres auditeurs.
Renaud chante: «Le petit chat est mort, on l’enterrera demain, j’te jure, dans un joli carton à chaussures.» En vrai, il a fallu relire les paroles. En vrai, on n’y comprenait rien du tout, ni les mots, ni le refrain. Morte elle aussi, la voix de Renaud. Enterrée dans le gargouillis d’une gorge malade. Pire encore que lors de ses précédentes apparitions, il y a six ans, à Paléo et à l’Arena.
« Ch’uis là!»
Source : Tribune de Genève