Renaud, entre balade amoureuse dans Paris et rêve de tournée

Paris Match

Benjamin Locoge
, Mis à jour le 

À Montparnasse, le 15 octobre. © DR

Renaud avait cessé d’y croire. Et puis, à 70 ans, le Renard s’est fait surprendre… par une histoire d’amour qui le réconcilie avec la ville qu’il n’aimait plus. Et le tendre rebelle a retrouvé l’envie de se mêler au public. Après six ans d’absence sur scène, il rêve d’une nouvelle tournée.

Il a fallu des semaines pour le convaincre. En mars 2022, Renaud n’est pas décidé à quitter L’Isle-sur-la-Sorgue, son calme, ses bistrots le long de la rivière, sa grande maison à l’écart et sa piscine qui ne sert jamais. Mais le chanteur plus vraiment énervé va avoir un disque à défendre. Un album qui lui tient à cœur, composé de douze reprises, « Le métèque » de Moustaki, « Nuit et brouillard » de Jean Ferrat, « Hollywood » de David McNeil ou encore « Je suis mort qui, qui dit mieux » de Jacques Higelin.

Son premier projet enregistré dans un état de sobriété absolu – le Renard ayant arrêté toute boisson alcoolisée depuis deux ans. Certes sa voix a souffert d’années d’excès et continue d’être intoxiquée par la cigarette désormais électronique, mais ses nombreux fans le savent et ne lui en tiennent plus rigueur.

À la terrasse du Boa, dans le quartier de Montparnasse, on l’avait souvent vu seul. De l’histoire ancienne. © DR

Malgré une envie sincère d’exercer son métier, le Renaud de ce début de printemps n’est pas en forme. L’air absent, la diction difficile, il désespère du manque d’amour. « C’est quelqu’un qui se voit devenir l’ombre de ce qu’il a été, nous confiait son frère, David Séchan, en 2019. Forcément cela lui fait du mal. »

Renaud ne lutte plus contre ses démons mais accepte difficilement celui qu’il est devenu. Il passe une semaine avec Bloody, l’autre avec Pierrot, ses deux fans devenus hommes de main, amis et confidents. « Il m’arrive même de dormir avec eux », nous dévoilait Renaud en 2016, conscient de l’absurdité de la situation.

Il a perdu du poids, remisé les attributs du loubard. Métamorphosé, Renaud prend soin de son style et de sa santé… Baskets aux pieds et cigarette électronique à la main. © DR

Qui dit nouvel album dit promotion. Et pas question que les rares médias acceptés descendent dans le Sud. Renaud doit se rendre à Paris pour assurer le service après-vente. Contre son gré, il monte dans un TGV, mi-avril. Depuis le décès de Solange, sa mère, en 2019, Renaud n’est plus vraiment amoureux de Paname. Trop de souvenirs heureux qui le rendent malheureux. Lolita, sa fille, mène sa barque depuis longtemps.

Paris a parfois du bon : à peine Renaud a-t-il retrouvé ses habitudes locales, voilà qu’à 70 ans il tombe amoureux

Quant à Malone, son fils de 16 ans, c’est lui qui descend le voir à L’Isle-sur-la-Sorgue, toujours accompagné de Romane Serda, sa mère, la deuxième épouse du chanteur. Renaud qui possède un appartement non loin de La Closerie des Lilas a désormais pris ses habitudes dans un bistrot plus quelconque mais plus sympathique, Le Boa, où il profite à longueur de journée de la terrasse exposée au soleil. Soda bitter en main, il honore ses rendez-vous professionnels tout en étant reconnu par des passants ravis de le saluer.

Fini, le pastis et la bière pour noyer les vieux démons. Plus une larme d’alcool. Le chanteur a dilué sa mélancolie avec des sodas bitter et une psychothérapie. Il y a plus d’un an, à cause d’une artère bouchée, il était opéré du cœur. © DR

Cela dit, Paris a parfois du bon : à peine Renaud a-t-il retrouvé ses habitudes locales, voilà qu’à 70 ans il tombe amoureux. Raide dingue d’une femme plus jeune que lui. « Elle veut qu’on reste copains, c’est déjà bien l’amitié, c’est plus fort que l’amour », déclare le chanteur au « JDD » en mai. Mais un Renaud transi d’amour est un homme prêt à tout. Et quand il annonce à sa maison de disques que, « finalement, il se sent mieux à Paris que dans le Sud », tout le monde comprend que quelque chose a changé. « Il n’est pas retourné à L’Isle-sur-La-Sorgue parce qu’il espérait que cette histoire marche », dit l’un de ses proches.

C’est le cœur léger que le mec qui chantait «être né sous le signe de l’Hexagone, c’est vraiment pas une sinécure» déambule désormais main dans la main avec sa compagne. © DR

Lui le chanteur à la con se retrouve comme un con : son cœur palpite encore, son regard s’illumine quand il l’aperçoit. Et, peu à peu, Renaud se remet à ressembler à Renaud : changement de coupe, barbe taillée, kilos en moins. Pour elle, il prend même des risques fous : délaisser ce quartier de Montparnasse pour celui encore plus touristique des Abbesses, où il se languit à la terrasse de La Mascotte, brasserie traditionnelle pour initiés et gens du quartier, un des repaires de son pote Jean-Paul Rouve, qui assiste médusé à cette résurrection.

Celui qui pensait que l’amour menait dans le mur est en train de changer d’avis

« Il nous a déjà fait trois fois le coup du Phénix, sourit ce proche. Mais depuis son divorce d’avec Romane, il était très échaudé par l’amour. Et puis il s’est fait cueillir comme un bleu. Ça lui a remis les choses en place, c’est drôle. » L’été a été long : Renaud n’a cessé de faire la cour, comme un gentleman anglais, perdu dans un monde post-Covid qui ne lui plaît pas. Et puis les choses ont évolué, jusqu’à ce que le lien devienne réel entre deux êtres qui ne s’y attendaient pas.

Le romantique a même pensé acheter un appartement dans le quartier avant de se raviser. © DR

Celui qui pensait que l’amour menait dans le mur est en train de changer d’avis. Et de remettre de l’ordre dans sa carrière. Renaud, qui conserve un souvenir immense de sa dernière tournée, espère depuis six ans revoir son public. Si plusieurs membres de son entourage ont tenté de l’en dissuader, il n’a jamais abandonné l’idée.

Ce retour de flamme aurait balayé ses hésitations. Renaud serait prêt à reprendre la route

Entre deux confinements et avec un masque, il a vu le succès de l’expo qui lui a été consacrée à la Philharmonie de Paris. Il a constaté ce million de vues sur YouTube pour « Si tu me payes un verre », chipé à Reggiani, les 80 000 exemplaires immédiatement vendus de son dernier disque. Et même s’il a perdu confiance en ses capacités vocales, il semble que ce retour de flamme ait balayé ses hésitations. Renaud serait prêt à reprendre la route.

C’est donc le cœur léger que le mec qui chantait « être né sous le signe de l’Hexagone, c’est vraiment pas une sinécure » déambule désormais main dans la main avec sa compagne. Ensemble ils sont allés jeter un œil au « Mur des je t’aime » – cette œuvre de Frédéric Baron et Claire Kito installée dans le jardin de la place des Abbesses. Le romantique a même pensé acheter un appartement dans le quartier avant de se raviser – son emménagement avec Romane à Meudon, dans une maison moderne à côté du cimetière, l’avait rendu profondément malheureux. Renaud préfère cette fois profiter de l’instant présent. Et à deux, c’est mieux.

  

Source : Paris Match