Renaud est le héros d’une bande dessinée qui n’élude rien de sa « putain » de vie

20 Minutes

TA TA TIN

Nicolas Bonzom

Le journaliste et historien de la chanson française Bertrand Dicale et le dessinateur Gaston publient une véritable bible, pour les fans du chanteur

Le dessin de la couverture de Renaud, né sous le signe de l’Hexagone. - Bertrand Dicale / Gaston / Marie Favantines / Editions Delcourt / Editions Delcourt

L’essentiel

    • Le journaliste et historien de la chanson française Bertrand Dicale et le dessinateur Gaston publient Renaud, né sous le signe de l’Hexagone (Delcourt).
    • Des « bonbecs fabuleux » qu’il « piquait chez l’marchand » à ses premiers succès, de ses galères avec le pastis à ses résurrections, ce putain d’album de 320 pages dit tout, et n’élude rien, de la vie trépidante du chanteur.
    • L’album a été relu (et approuvé) par le chanteur lui-même, et sa fille, Lolita.

Renaud est un héros de bande dessinée. Il a du panache, comme Tintin. La rébellion dans le sang, comme Astérix. Et la dégaine de Lucky Luke. Depuis le début des années 1980, le gavroche de la Porte d’Orléans, devenu l’un des chanteurs préférés des Français, a d’ailleurs été croqué par bon nombre de dessinateurs, pour des ouvrages devenus des classiques. Renaud, né sous le signe de l’Hexagone, le petit dernier des éditions Delcourt, qui ont porté la plupart de ces illustres projets, prendra, à coup sûr, le même chemin.

Ecrit par Bertrand Dicale, journaliste et historien de la chanson française, et dessiné par Gaston, cet ouvrage est une bible, pour les fans du chanteur. Mais aussi pour tous les autres, qui connaissent quelques-uns de ses textes par cœur, mais qui ne savent rien des joies et des peines qu’il a traversées. Des « bonbecs fabuleux » qu’il « piquait chez l’marchand » à ses premiers brûlots anticonformistes, de ses premiers succès à ses peines sur le tournage de Germinal, de ses galères avec le pastis à ses résurrections, ce putain d’album de 320 pages dit tout, et n’élude rien, de la vie trépidante de Renaud.

« Je suis fan, et j’avais peur de le décevoir », confie Gaston

« Les super fans sont dithyrambiques, les hooligans sont avec nous ! », se marre Gaston, qui voue, lui-même, une passion pour le chanteur depuis qu’il est adolescent. « C’est, aussi, une sorte de validation, pour nous. Car les fans sont des puristes, ils ne pardonnent rien ! » Gaston leur a d’ailleurs dédié une histoire dans l’histoire, la Fan Zone, où il raconte son propre culte pour le chanteur, et l’amour qu’il suscite chez bon nombre de Français.

Un extrait de Renaud, né sous le signe de l’Hexagone. - Bertrand Dicale / Gaston / Marie Favantines / Editions Delcourt

Mais le cachet ultime, celui qui a fait, un peu, trembler les auteurs, c’est celui que Renaud, lui-même, a apposé sur ce projet pharaonique. « Je suis moi-même fan, et j’avais peur de le décevoir, confie Gaston. Sa fille, Lolita, a lu l’album, et elle a apporté des corrections. Elle a vraiment été géniale. Toutes les remarques qu’elle a faites allaient dans le sens de l’album, ce n’était pas des coups de ciseaux. Jamais, elle ne nous a dit « Ne faites pas ça ». Jamais. Elle a été très bienveillante. » Quand les auteurs ont, par exemple, imaginé Patrick Dewaere et Renaud fumant un pétard, sa fille leur a rappelé que son père n’avait, jamais, touché à ça. « C’était un détail, mais un détail important, qui change beaucoup de choses », assure Gaston. Toutes ces corrections, Lolita les a fait valider par son père.

Renaud, « c’est un amour, ce mec-là »

« Et Renaud a dit… « Le bouquin est sympa ! » », sourit le dessinateur montpelliérain. Et ça, de la part de cet éternel pudique, c’est un sacré compliment. « S’il n’avait pas aimé, il aurait ronchonné ! », assure Gaston. « Mais il nous avait dit « Faites ce que vous voulez, aucune censure, allez-y ! » Il a été vraiment adorable. C’est un amour, ce mec-là. »

Alors, Bertrand Dicale et Gaston ne se sont privés de rien. Ses amours, ses emmerdes et ses démons sont tous montrés, sans filtre. Certaines planches sont fichtrement saisissantes, notamment celles où Renaud se sent pourchassé par des Cubains, et se réfugie dans l’alcool. Ou celles, encore, où Gaston l’immortalise, immobile, dans un coin de la Closerie des Lilas, devant un Ricard tube. « Renaud, c’est un véritable personnage de bande dessinée, avec ses cheveux longs et son foulard rouge, confie Gaston. Et puis il a trempé dans des tas d’univers, la mer, l’Irlande, Germinal… Il y a des tas de décors, des tas de péripéties. C’est un pied, de raconter sa vie. » Et un pied, de la lire.

À l’occasion de la sortie de « Renaud, né sous le signe de l’Hexagone », des séances de dédicaces avec le dessinateur Gaston sont organisées vendredi (16 heures-18 heures) à la Fnac de Montpellier (Hérault), au Polygone, et samedi (15 heures-18 heures) à la librairie La promenade au phare à Agde.

 

Source : 20 Minutes