A la Une / Art / Musique / 10/05/2022
Le chanteur Renaud fête ses 70 ans. Le 6 mai dernier, l’auteur, compositeur et interprète sortait un album de 13 reprises de chansons françaises baptisé « Métèque », en référence au morceau de Georges Moustaki sorti en 1969. « Toujours debout » chantait Renaud le 26 janvier 2016, lorsque le single sortit dans les bacs, six ans plus tard et comme un pied de nez à tous ceux qui l’avaient déjà enterré, l’interprète de « Mistral gagnant » est de retour. France 2 lui consacre une émission entière ce soir à partir de 21H10 : « Joyeux anniversaire Renaud ».
Un artiste discret
Renaud fait partie de ces artistes qu’on voit peu à la télévision, à l’instar de Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman, Hubert-Félix Thiéfaine ou feu Jacques Higelin. Ses fans seront ravis de l’hommage que la chaîne France 2 rendra ce soir à l’artiste sur la scène du Dôme de Paris, à l’occasion de ses 70 ans et la sortie de son album « Métèque ».
Reprises et hommage
Pour cette soirée exceptionnelle, divers artistes viendront interpréter les morceaux de Renaud ; Axelle Red, Patrick Bruel, Jean-Louis Aubert, Claire Keim, Renan Luce, Bénabar, Vincent Delerm, Dave, Tryo, Raphaël, Élodie Frégé, Calogero, Gauvain Sers, Noé Preszow, Benoît Dorémus. Le comédien Jean-Paul Rouvre servira de guide à cette rétrospective, en faisant des focus sur les plus grands tubes de Renaud, au travers de témoignages et d’archives.
De la rue Appell à la scène
Né Renaud Pierre Manuel Séchan le 14 mai 1952 dans le 15ème arrondissement parisien, Renaud est le 6ème des 8 enfants que son père, Olivier Séchan, a eu dans sa vie. Il a deux frères ; David et l’écrivain Thierry Séchan (écrivain et parolier qui a écrit pour Julien Clerc et Elsa, entre autres, décédé en 2019), deux sœurs : Nelly (décédée en 2021) et Sophie, deux demi-sœurs : Christine et Catherine (décédée en 1939) et un demi-frère : Nicolas (décédé le 7 juin 1944, tué par un bombardement avec sa maman).
Renaud a vécu une enfance heureuse entouré de son père, Olivier Séchan, professeur d’allemand, traducteur et auteur de romans policiers. Il a d’ailleurs reçu le Prix des Deux Magots en 1942 pour son livre Les corps ont soif aux Éditions Jean Renard et de sa mère, Solange Mériaux, issue d’une famille de mineurs du nord de la France et ouvrière dans une usine de Saint-Étienne.
La mère du chanteur a choisi le prénom Renaud parce qu’elle entendait souvent sa maman chanter « La complainte du roi Renaud », une chanson tragique sur un roi qui revient en son château mourant, alors que sa femme vient d’accoucher (vidéo ci-dessous).
Renaud est un gamin de Paname. Il a vécu son enfance et son adolescence dans le 14ème arrondissement parisien, d’abord chez ses grands-parents, à sept dans un deux pièces, puis dans un appartement plus grand, toujours dans le 14ème arrondissement, au 5ème étage du 6 avenue Paul Appell, pas très loin du parc Montsouris dans le quartier du Petit-Montrouge.
Malgré un père enseignant, Renaud n’aime pas les études. Il aime écrire sur la machine de son père et se débrouille bien en Français, mais il déteste la gymnastique et les maths. Son truc à lui, c’est plutôt les filles, la musique et les mobylettes. Dès l’âge de 12 ans, Renaud écrit des poèmes dans le jardin du Luxembourg, il sèche les cours et rate son BEPC en 1965. Très attiré par la politique, il suit de près les manifestations pacifistes durant la guerre d’Algérie et à l’âge de 14 ans, il rejoint le Mouvement Contre l’Arme Atomique.
« Crève salope » : les débuts à la Sorbonne
Rempli de convictions et à l’esprit rebelle, Renaud occupera la Sorbonne en mai 68, avec son frère Thierry. Les deux frangins participent aux manifestations, aux barricades et aux blocages de l’édifice. C’est à l’occasion de mai 68 que Renaud fera ses premiers pas sur scène, en récitant du Bedos et c’est toujours à la Sorbonne qu’il rencontrera un certain Joël Sternheimer, chercheur et enseignant qui s’est mis à la chanson sous le pseudonyme d’Évariste (en référence au mathématicien Évariste Galois). Ce dernier donne le goût de l’écriture au jeune Renaud, qui composera et interprètera son premier morceau « Crève Salope » sur les bancs de la Sorbonne.
Renaud stoppe ses études en avril 1969. Il s’installe dans une chambre de bonne et se met à travailler dans une librairie du boulevard Saint-Michel. Il lit beaucoup, compose quelques chansons, chante du Hugues Aufray ou du Brassens et s’achète une moto avec ses premiers salaires. Le motard se fait d’autres potes motards, ceux des bandes de Bastille, d’Argenteuil ou de République. Des mauvaises fréquentations comme disent les parents, mais Renaud se méfie et après avoir mis la main dans l’engrenage des petits larcins et des bagarres de rue, décide de la ressortir en ne conservant que le look des loubards, pas leur façon de vivre.
Une soirée qui allait tout changer
Puis, un soir de l’été 1971, Renaud rencontre Patrick Dewaere dans une soirée à Belle-Île-en-Mer. Il ne le sait pas encore, mais ce moment changera sa vie pour toujours, en lui permettant d’accéder à la notoriété.
Patrick Dewaere le présente à Romain Bouteille, acteur/auteur et co-fondateur avec Coluche, Miou-Miou, Henri Guybet et Dewaere de la troupe du Café de la Gare, à Paris. Renaud remplace alors un comédien parti aux États-Unis. Vendeur en librairie le jour et comédien le soir, Renaud se découvre une vocation d’acteur. En raison de ses retards répétés au boulot, il est licencié de la librairie qui l’emploie et décide de partir prendre l’air. Il part quelques mois à Avignon et revient sur Paris.
Premiers spectacles
Dans la capitale, il ne retourne pas au Café de la Gare, mais décide de chanter dans la rue, aux alentours de la Porte d’Orléans avec son pote accordéoniste Michel Pons. Il enchaîne les petits boulots et un soir de 1974, alors que Coluche s’apprête à jouer son premier spectacle au Café de la Gare, Renaud est venu jouer dans la cour, avec son accordéoniste d’ami Michel Pons et le guitariste Bénédicte Coutler. Dans la foule : 500 spectateurs et un certain Paul Lederman, producteur de son état.
Ce dernier décide d’embaucher les trois musiciens (qui joueront sous le nom de « Les P’tits Loulous ») pour assurer la première partie du spectacle de Coluche pour un contrat de 3 mois. Malheureusement, Michel Pons doit partir pour le service militaire et les premières parties ne seront assurées que durant 3 semaines. Paul Lederman conseille à Renaud de continuer l’aventure seul et, dès 1975, il rencontrera les producteurs Jacqueline Herrenschimidt et François Bernheim, qui produiront son premier disque.
Amoureux de Paname
Le premier album de Renaud sort le 15 avril 1975. Baptisé « Amoureux de Paname », il se vendra à 380 000 exemplaires. On y trouve la pépite « Hexagone » et le morceau « Camarade bourgeois » que Renaud interprètera pour sa première télévision, dans l’émission du midi animée par Danièle Gilbert : « Midi Première ».
Mais la notoriété viendra avec le second album de Renaud sorti en 1977 : « Laisse Béton ». Un Vinyle vendu à 475 000 unités et par lequel Renaud démocratisera le « verlan » en France. La carrière est lancée, 17 autres albums studios suivront, jusqu’au magistral « Boucan d’enfer » vendu à 2 130 000 exemplaires en 2002.
20 millions d’albums
« Mistral gagnant », « Laisse béton », « Morgane de toi », « Marchand de cailloux », « Les bobos », « Marche à l’ombre », « Miss Maggie », « Manu », « Chanson pour Pierrot », « Dans mon HLM », « Manhattan-Kaboul », « En cloque », « Toujours debout », « Où c’est qu’j’ai mis mon flingue » : autant de morceaux devenus des tubes, parmi de nombreuses autres chansons.
Au total, Renaud a vendu vingt millions d’albums en 45 ans de carrière, ça n’arrive pas par hasard. Bien plus que le chanteur « Tin-tin-tin ! » pour certains, il fait aujourd’hui partie intégrante du patrimoine de la chanson Française, au même titre qu’un Brassens, un Ferrat, un Ferré ou un Brel qui, toutes leurs carrières durant, ont magnifié la langue Française.
Bon anniversaire, Monsieur Séchan.
Fondateur du site MONSIEUR VINTAGE le 14 février 2014, Philippe est issu de la presse écrite automobile : Auto Plus, Sport Auto, Auto Journal, Décision Auto, La Revue Automobile et La Centrale. Il collabore également au magazine EDGAR comme responsable de la rubrique auto/moto.
Source : Monsieur Vintage