Ils étaient tous là. 12 200 personnes au Galaxie pour ramasser « le petit cœur abandonné » de Renaud. 24 400 épaules sur lesquelles verser des larmes. C’était triste à pleurer, c’était tendre et beau comme du Renaud. Ovation.
« Cœur à prendre, pas à vendre, à donner, un peu naze, un peu d’occas’, un peu cassé… ». Et le public de reprendre en chœur. Renaud est là, sur la place de son petit village, sur la terrasse de son bistrot. Le décor est planté, les personnages campés. Les lumières chaudes balaient ce décor intime. Renaud revient sur scène, bien présent, bien vivant. La voix à l’image de son cœur, « en morceaux, en lambeaux, au fond des bottes », une voix brulée par les excès.
Peu importe, ils l’ont attendu longtemps et pardonnent les maladresses. De Renaud, on n’attend pas une démonstration lyrique, on attend juste beaucoup de chaleur, un peu de tristesse, beaucoup d’émotion. Hier soir au Galaxie, il a tout donné, comme tous les soirs où il monte sur scène, depuis son retour dans un Boucan d’enfer. Il a repris « les vieilles chansons », celles de son autre vie, et les « nouvelles ».
Le public n’a pas fait de différence, il prend tout, ne jette rien, chante comme un seul homme, applaudit comme jamais. Renaud l’enchanteur, Renaud le rebelle, Renaud tendresse. Renaud, chanteur engagé qui égratigne encore les Mme Thatcher ou les Entartés qui « ont la prétention insensée de nous dire ce qu’il faut penser » , les stars académiciens et la télé poubelle. Renaud, pilier de bar, accoudé au zinc, qui débarque là, tout penaud, sur la scène du Galaxie, qui n’en finit pas de remercier « infiniment ». Il a abandonné le foulard rouge mais ne quitte pas le blouson noir et les « tiags ». « Comme y a eu Gainsbourg et Gainsbarre. Y a le Renaud et le Renard ». Et si son « cœur est triste », Renaud est là pour faire la fête sous les lampions de la place du village. Tous ses potes étaient avec lui, « pour ramasser son p’tit cœur abandonné… » avant qu’il ne s’en retourne dans « son H.L.M ». Petit moment de bonheur et grand triomphe.
BOUCAN D’ENFER… des fans restés sur le carreau
Pas contents, pas contents du tout. Devant la caisse, une vingtaine de personnes crient à qui veut bien l’entendre leur mécontentement. « Nous avons fait des kilomètres, on a subi les bouchons sur l’autoroute et à Amnéville… pour rien. » Billets à la main, ils revendiquent le simple droit de pouvoir assister au concert de Renaud, de pouvoir découvrir la scène et écouter. C’est simple. Mais hier soir c’était difficilement possible si on ne s’était pas rendu sur les lieux du concert aux aurores (l’expression est à peine exagérée), pour accéder à des places assises, ou alors de bonnes places. « Pourquoi vendent-ils autant de places et pourquoi nous laissent-ils entrer alors qu’il n’y a plus de place ? »
Evidemment les billets n’ont pas été remboursés et les caissières dépitées n’ont pu que les renvoyer vers la maison de production Music Machine.
Source : HLM des Fans de Renaud