Renaud, Goldman : « Pourquoi nous chantons pour l’Ethiopie »

Salut !

N° 252, du 22 mai au 4 juin 1985

Renaud, Goldman : « Pourquoi nous chantons pour l’Ethiopie »

Daniel Moyne
Retranscription de Ludovic Lorenzi

Après le disque des anglais, puis celui des américains, des chanteurs français se sont réunis pour venir en aide aux Ethiopiens. « Chanteurs sans frontières » est interprété par Michel Berger, Alain Souchon, Diane Dufresne, Louis Chédid, Didier Barbelivien, Catherine Lara, Nicolas Peyrac, Véronique Samson, Jacques Higelin, Josiane Balasko, Michel Delpech, Coluche, France Gall, Trust, Charlélie Couture, Axel Bauer, Jean-Jacques Goldman, Lily Drop, Gérard Depardieu, Jean-Louis Aubert, Gotainer, Gérard Blanchard, Richard Berry, Jeane Manson, Laurent Voulzy, Valérie Lagrange, Christophe, Diane Tell, Francis Cabrel, Fabienne Thibault, Julien Clerc, Renaud, Hugues Aufray, Hervé Christiani, Maxime Leforestier. En exclusivité pour Salut !, Renaud et Goldman vous parlent de cette formidable opération.

On se demandait si les chanteurs français allaient suivre l’exemple des pays étrangers et unir leurs talents pour aider l’Ethiopie. Depuis quelques semaines, « Chanteurs sans frontières » est sur toutes les radios et le disque reçoit un très bel accueil. Vous êtes également très nombreux à avoir acheté cette galette exceptionnelle. Pour parler de cette aventure, Salut ! a choisi deux numéros un, Renaud et Jean-Jacques Goldman. C’est tout d’abord Renaud, l’auteur de cette chanson qui nous en parle.

Renaud : C’est Valérie Lagrange qui, un jour, m’a appelé en me disant : il faut faire quelque chose comme les anglais pour l’Ethiopie. J’ai dit oui, c’est vrai, mais je suis en pleine composition de mes chansons et je ne vois pas comment je pourrais faire et j’avoue que je n’avais aucune idée précise pour ce disque. Puis, un jour, Franck Langolff m’a apporté une musique qui m’a fait complètement craquer et c’est à partir de ça que j’ai écrit un texte en deux heures. Je n’avais jamais écouté la chanson anglaise, ni l’américaine. il faut dire que je ne suis pas trop branché radio. Après, avec Thomas Noton, directeur de la production chez Pathé Marconi, et Franck, nous avons mis la machine en route et nous avons commencé à contacter des chanteurs. Nous avons eu quelques refus mais nous avons également fait une sélection un peu arbitraire des gens qu’on aimait bien et qu’on considérait faire partie de la « même famille ». Malheureusement, il y a des chanteurs qu’on voulait et qui étaient absents comme Balavoine, Bashung, Mas. Maintenant, il y a la promotion de ce disque et il faut faire le minimum. Je suis le détonateur de ce disque mais je ne peux quand même pas harceler les autres, c’est vrai qu’ils devraient le faire spontanément. Goldman est d’accord pour tout faire et c’est bien comme ça. Ce disque marchera, se vendra et les mômes boufferont peut-être à leur faim. Maintenant, je vais continuer la composition de mes chansons pour être prêt en septembre à enregistrer, mais il me reste tout l’été sur mon bateau pour écrire et commencer les maquettes. L’album devrait sortir cet automne. Après, c’est le Zénith fin février, cinq semaines, un spectacle très visuel avec de très beaux éclairages signés Jacques Rouverolis qui a fait les lumières de Julien Clerc, spectacle que j’ai adoré en bloc. Tout est parfait, le son, les musiciens, les lumières, le mec, c’est très rock et il le fait tellement bien ! Tous ces nouveaux spectacles donnent envie d’aller plus loin.

Daniel Moyne : Et toi, Jean-Jacques, pourquoi as-tu voulu participer à ce disque ?

Jean-Jacques Goldman : Au départ, c’était contre mes convictions. J’ai été élevé dans une ambiance où on disait que la charité était à droite et la justice sociale à gauche, mais on se rend compte qu’on a beau tenir ce genre de raisonnement, les images arrivent de là-bas et finalement, on n’a pas le droit de rester spectateur, on n’a plus les excuses que les gens avaient en 40 car ils ne pouvaient pas savoir. Maintenant, il y a l’information et cette information fait que l’on ne peut pas avoir bonne conscience. J’ajouterai même qu’aucune attitude politique ne peut être contre cette démarche. Ce disque s’est fait avec des gens qui avaient un peu des rapports mais on n’a pas fait ce disque pour se faire plaisir. Je ne pense pas que ce disque ait besoin d’une énorme promotion, d’une part parce que c’est une bonne chanson, d’autre part parce que les interprètes ne sont pas mauvais et enfin, parce qu’il y a un clip-vidéo qui est bien.

 

Source : Le HML des Fans de Renaud