Québec, Le dimanche 16 février 2003
ARTS ET VIE
FRANCE
Lynda Lemay et Natasha St-Pier font honneur au Canada
⬛ PARIS (AFP) — En remportant trois Victoires de la Musique (Artiste interprète masculin, Album et Chanson), pour Manhattan Kaboul, son duo avec la chanteuse belge Axelle Red, le chanteur français Renaud a été le grand vainqueur des 18e Victoires de la musique, qui ont été décernées hier soir au Zénith à Paris, qui a par ailleurs consacré en
France les chanteuses Lynda Lemay et Natasha St-Pier.
Renaud a remercié « Oussama ben Laden et George Bush ». « Par leurs crimes, ils ont inspiré les héros un peu
dérisoires de cette chanson », qui raconte l’amour à distance de deux enfants pris dans les feux de la violence,
a déclaré l’artiste.
HONNEURS CANADIENS
La Québécoise Lynda Lemay et la chanteuse du Nouveau-Brunswick Natasha Saint-Pier ont par ailleurs fait triompher les couleurs du Canada en remportant chacune une Victoire de la Musique.
Lynda Lemay a décroché la Victoire de l’artiste interprète féminine de l’année, supplantant notamment Catherine Ringer des Rita Mitsouko et sa rivale belge Axelle Red, qui avait déjà obtenu le trophée en 1999. Il s’agissait de sa quatrième participation à la compétition. L’an dernier, la chanteuse avait été coiffée par la Française Zazie.
Natasha St-Pier a décroché la seule Victoire attribuée directement par le public, supplantant Calogero et surtout les deux favoris, Benabar et Vincent Delerm.
Avec Isabelle Boulay (Victoire de l’artiste découverte en 2001), Lara Fabian, Céline Dion, Lynda Lemay, l’enfant de Portneuf, et sa cadette Natasha St-Pier, constituent le fer de lance de cette école de la chanson canadienne, principalement francophone, qui a toujours bénéficié d’une bonne oreille en France.
Dans les années 70, Robert Charlebois, Beau Dommage, Diane Dufresne, Gilles Vigneault furent les premiers à faire découvrir au public hexagonal les charmes de l’accent pointu et chantant des « cousins canadiens ».
Renaud a remercié ben Laden et Bush, qui ont « inspiré les héros un peu dérisoires de cette chanson »
Après une longue traversée du désert, dans les années 80, la chanson de la belle province a retrouvé le cœur du public français avec une nouvelle génération : Céline Dion d’abord, qui dut passer par les chansons de Jean-Jacques Goldman pour s’imposer à un auditoire alors rétif à ses chansons en anglais, puis Lara Fabian (Québécoise d’adoption, la jeune femme possédant une triple origine belge, italienne et française), Lynda Lemay et Isabelle Boulay dernièrement.
Les interprètes féminines semblent mieux réussir en France que leurs camarades masculins ; à ce jour, seul Garou (plus d’un million d’albums vendus en France) s’est véritablement imposé, ce qui n’est pas le cas de ses anciens partenaires de Notre Dame de Paris, le spectacle musical de Richard Cocciante et de Luc Plamondon, Bruno Pelletier en particulier, dont la notoriété de ce côté de l’Atlantique n’est pas encore à la hauteur de ce qu’il est à Montréal.
Les Français Vincent Delerm (Album révélation), Sanseverino (Révélation scène) se sont distingués chez les nouveaux talents.
La Victoire de l’album pop/rock attribuée à Indochine a récompensé le retour au premier plan d’une des plus anciennes formations rock françaises encore en activité.
Sanseverino (Révélation scène) et Doc Gyneco (Album rap/hip-hop) ont également figuré en bonne place au palmarès. L’actualité immédiate a été évoquée au cours de la soirée par l’Ivoirien (lauréat ex aequo avec le groupe corse I Muvrini de la Victoire World) qui a stigmatisé la présence des forces militaires françaises dans son pays.
La seule note un peu discordante a été celle du bluesman Arno, l’homme à la voix de papier de verre. Ayant perdu le fil de sa chanson, le rocker belge a arrêté ses musiciens d’un sonore « je suis dans la m… », avant de reprendre
le cours de son ode à Lola, pour qui je me lave sous les bras.
Source : Le Soleil