Il y a 50 ans jour pour jour, le premier album du chanteur Renaud « Amoureux de Paname » sortait dans les bacs. L’occasion pour se replonger dans cet album.
Le 3 avril 1975, un gamin de 22 ans tout droit sorti du vieux Paris apparaissait sur la pochette, non pas d’un 45 Tours comme il était de coutume à l’époque pour démarrer une carrière, mais directement sur un 33 tours. Renaud, façon poulbot, comme il s’habillait alors dans la vie, avec son foulard rouge, sa casquette de gavroche, une boucle d’oreille et une clope. Un début de sourire et les yeux qui regardent en l’air. Son album, initialement sans titre, a très vite été appelé Amoureux de Paname, référence à la première des 13 chansons.
Renaud a enregistré ce premier album en huit jours, avec un tout petit budget et la vieille guitare pourrie qu’il trimbalait dans les rues. Une rapidité d’enregistrement qui s’explique par la maîtrise de la part de Renaud de ses propres chansons : depuis plus d’un an, il les interprétait dans les couloirs du métro, sur les terrasses de café ou dans les cours d’immeuble où il adorait chanter pour l’acoustique. Les deux directeurs artistiques qui l’avaient repéré lui ont juste demandé de chanter sur le disque avec un peu moins d’accent de titi parisien.
Il y a 50 ans, la France découvre un auteur-compositeur-interprète, mais – avant tout – un auteur, parfois réaliste, mais déjà énervé par la colère. Sur l’album, Renaud chante le poing levé et c’est un choc dans la France de Joe Dassin et de Mike Brant. Sur Amoureux de Paname, il y a trois chansons sulfureuses et anarchistes : Société tu m’auras pas, Camarade bourgeois et la plus connue : Hexagone.
« Être né sous l’signe de l’Hexagone, c’est vraiment pas une sinécure »
Hexagone est certes devenu un hymne, aujourd’hui multi-diffusé en radio. Mais à l’époque, elle a été jugée trop méchante et a été rapidement censurée. Renaud s’est lui-même autocensuré sur son premier album. Au dernier moment, il a renoncé à enregistrer une chanson et un texte assassin qui s’appelait Monsieur Franco, t’es qu’un salaud. Dix ans avant le fameux Miss Maggie.
À la place, il a écrit, à la va-vite, sur la même musique, une ballade tendre : Petite fille des sombres rues, une de ses premières chansons d’amour. Tendresse, révolte et humour, avec trois chansons comiques dans l’album : tout Renaud est déjà dans ce premier disque.
50 ans après, ce jeudi 3 avril 2025, Renaud est au calme après une tournée de 131 dates qui s’est achevée en décembre dernier. La prochaine date importante pour lui est située au 30 mai prochain, jour de la sortie d’un enregistrement que les fans réclament depuis longtemps : celui d’un concert fleuve que Renaud a donné à la Cigale à Paris en 2007.
Un spectacle composé de 69 titres, qui avait duré 5h30 et qui va sortir dans un coffret collector. Autre date à noter pour les fans : le 10 juillet prochain, aux Francofolies de la Rochelle, la jeune génération reprendra les chansons de Renaud pour fêter ses 50 ans de carrière, sous l’œil de Renaud, lui-même, présent dans le public.