26 octobre 2000
Pendant deux heures, Renaud a charmé son public de fidèles. Un tour de chant exceptionnel, qui a fait oublier qu’il avait complétement décroché des grands médias nationaux
GERARDMER. – Depuis qu’il a cessé de s’exprimer avec la presque totalité des médias, on ne sait plus très bien ce que devient le chanteur Renaud. Difficile d’avoir une petite information sur ses angoisses, ses chagrins, ses amours, sur ce qu’il pense de la vie politique et sociale en France. A moins d’être un de ses proches, ou d’assister à un de ces concerts, comme l’ont fait, hier soir, 700 personnes dans la salle de l’Espace LAC à Gérardmer.
Cela étant, ce n’est peut-être pas plus mal. Renaud garde une partie de son mystère et le délivre au compte-gouttes, lors de ses apparitions sur scènes qu’il veut intimistes, loin du strass et des paillettes du showbiz , accompagné de ses complices de toujours, Alain Lanty au piano et Jean-Pierre Buccolo à la guitare.
Visiblement, la situation convient parfaitement à ses fans qui l’ont applaudi comme il se doit, dès le lever du rideau. « Tin-tin-tin ». Le mot est juste et rassure l’assistance. Renaud, sans son célèbre clin d’œil, ne serait pas vraiment le chanteur tellement aimé du public. Et puis il enchaîne avec « La mère à Titi », son pote, son copain, celui qui l’accompagne partout, celui qui crée une grande partie de ses musiques.
Pendant presque deux heures, Renaud joue avec son public, avec ses sentiments, avec ses chansons qu’il connait depuis peut-être trop longtemps. Peu importe, il se dégage de ce véritable poète des temps modernes, une grande douceur, même si parfois le verbe est cru et la dent très aiguisée. Et puis Renaud est drôle, très drôle, il « balance » un peu sur le monde de la télévision, des chanteurs d’aujourd’hui, en fait il se moque surtout de lui-même.
Le personnage est sans conteste atypique et se réserve uniquement le droit de chanter pour son public. Un public très hétérogène, où se mélangent, avec une grande familiarité, les ados et les septuagénaires.
Renaud est devenu, en deux décennies, un véritable mythe, une véritable bouffée d’oxygène, alors qu’il voudrait, comme il le dit lui-même dans une de ses chansons, rejoindre « l’aquarium ». Sur ce point, ses fidèles ne sont pas prêts à le suivre, ni même prêts à l’inciter à retrouver le petit bonhomme derrière ses cailloux de toutes les couleurs.
Merci M. Renaud.
Philippe Jeandel
Source : Le HLM des Fans de Renaud