Le chanteur français a été récompensé trois fois.
Quand Vincent Delerm, «album révélation» des 18es Victoires de la musique, entonne le malicieux «Tes parents», le Zénith rit jaune. Samedi soir à Paris et en direct sur France 2, la cérémonie des «Awards» de la francophonie soigne ses aînés. Indochine («album rock de l’année»), Christophe («Spectacle de l’année»), Jean-Jacques Goldman («meilleur vidéo-clip»), Serge Reggiani («victoire d’honneur») et surtout Renaud, chouravant trois trophées, les rois du jour allient l’or au vermeil.
Galerie d’aïeux que flanquent de leur fadeur amidonnée un Michel Drucker aussi crispé que son cadet Delarue, tous deux incapables d’insuffler un air de fête à cette accolade clinquante adressée au marché du disque. Meilleur interprète masculin, album de l’année et chanson de l’année pour son duo avec Axelle Red («Manhattan-Kaboul»), le vieux renard sorti d’un long hiver éthylique a le triomphe modeste. Sous sa blondeur oxydée, ses traits las et bouffis, Renaud sait désormais qu’on l’aime, les Victoires par trois fois le lui ont signifié.
Un symbole
La récompense, plus sentimentale qu’artistique au vu de la concurrence de jeunes auteurs talentueux (Sanseverino, Benabar), tient ici lieu de symbole. Fêté par le public, l’auteur de Boucan d’enfer clôt dans l’or des Victoires une année rédemptrice, triomphant à la fois de l’alcool, de la dépression, des amours perdues et d’une industrie musicale ingrate. Revanche qu’appuie Nicolas Sirkis, chanteur d’Indochine, interprétant sa Victoire comme «un message d’espoir pour tous les groupes qui se font jeter par les maisons de disques».
Pris dans cet élan d’amnistie générale, Michel Drucker ne craint alors pas d’en faire trop lorsqu’il lance à Reggiani, 80 ans: «Je t’attends de pied ferme pour venir chanter dans mon émission.» Signe que le dossier des retraites, désormais, est entre les mains de l’industrie musicale.
Source : Le Temps