CRITIQUE
Journaliste au service Culture
Par Thierry Coljon
Le chanteur de 70 ans a donné, mardi à Mons, le premier concert belge de sa tournée « Dans mes cordes ».
Le rideau s’ouvre. Il est debout, ombre gigantesque sous les lumières de Jacques Rouveyrollis. Autour de lui, non pas un simple quatuor à cordes comme annoncé sous l’intitulé de ce nouveau spectacle « Dans mes cordes » (allusion également au boxeur sonné dans les cordes d’un ring), mais bien une belle formation constituée de six violons (des demoiselles habillées du perfecto et du bandana rouge de rigueur), deux violoncelles, un accordéon et Alain Lanty au piano et à la direction musicale.
Après avoir ouvert par Cent ans, qui rassure un peu sur sa voix moins catastrophique que dans nos derniers souvenirs à Forest comme à Spa, Renaud retrouve sa verve, non sans humour, en parlant à son public, « le plus fidèle du monde », lui annonçant que ce spectacle était constitué de ses chansons préférées, des ballades surtout, « et donc pas de HLM ni d’Hexagone ». Il suffit que déboule En cloque pour que le public chante à sa place : on est ici entre fans purs et durs tout heureux de retrouver celui qu’ils n’espéraient plus revoir puisqu’il avait annoncé sa retraite scénique en 2021. Le petit chat est mort confirme l’angle tendre et poétique.
Vêtu d’un veston noir sur une marinière, Renaud est fidèle à lui-même, même si ses « jambes flageolantes », comme il dit lui-même, le poussent à vite s’asseoir. Il ne doit pas pousser sa voix pour se faire entendre et peut donc se laisser porter par l’impeccable formation qui l’entoure. On n’est plus ici dans la superproduction à laquelle il nous avait habitués et c’est tant mieux pour l’intimité et la chaleur du décor simple constitué de quelques ampoules et photos.
Reste ses chansons
Il nous faut malgré tout revenir sur cette voix qui s’est fait la malle, dont ont eu raison anis et nicotine qui l’ont pavée d’une rocaille et même parfois de chuintements rendant les textes incompréhensibles. Il le dit lui-même : il « bafouille » et s’en excuse, allant jusqu’à interroger son public : « La voix, on s’en fout, non ? » L’essentiel n’est pas là et seuls les touristes curieux d’un soir y trouveront à redire. Les fans sont tout acquis à sa cause, chantant, criant leur amour, applaudissant à tout rompre. Sa voix a beau être « skettée », il reste ses superbes chansons, les siennes (il ne fera aucune allusion à son dernier album de reprises paru l’an dernier).
Après Germaine et Mistral gagnant, tout le monde se lève pour Dès que le vent soufflera. En rappel, Morgane de toi et La ballade nord-irlandaise clôturent un concert qui a fait chaud au cœur de tous ceux qui ont rempli ce Théâtre royal, heureux de retrouver un « mort-vivant » qui n’a pas dit son dernier mot. Renaud était visiblement heureux d’un tel accueil. Car finalement, la voix, on s’en fout, non ?…
Après ses deux concerts montois, Renaud revient les 21 et 22 mars au Forum de Liège et les 22 et 23 mai au Cirque royal.