Renaud, le cabossé revient pour la récré

L’Express

Par AFP

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Paris – C’est toujours un évènement: Renaud, cabossé par les aléas de la vie, renoue avec le monde de l’enfance, source des grands titres du passé, pour son nouvel album « Les mômes et les enfants d’abord ».

Renaud, photo du 10 décembre 2018.
afp.com/Thomas SAMSON

Pour cadrer avec l’univers de ce nouvel opus, l’écoute en avant-première (sortie le 29 novembre) réservée à la presse a été organisée mercredi soir dans l’école maternelle du 14e arrondissement de Paris qu’il a fréquentée, bambin, dans les années 1950. 

Le chanteur populaire de 67 ans n’était pas présent, excusé à cause « du trac qu’il a eu quand il a su qu’il y aurait 50 personnes présentes », a expliqué Christophe Palatre, patron du label Parlophone.  

Avec Renaud et ses démons, l’alcoolisme et la dépression, la première question qui revient forcément est: comment va-t-il aujourd’hui? Dans le clip « Les animals », premier titre au refrain sparadrap, le visage est marqué derrière la barbe couleur sel, la main gauche tremble un peu par moments et la voix a beaucoup vécu.  

« Sa gouaille » – 

Mais il est toujours là, « Toujours debout » comme le proclamait le titre phare du précédent album de 2016 (« Renaud », plus de 700.000 ventes). Et il bénéficie ici d’une production soignée et efficace, au service de textes souvent espiègles.

« On a voulu revenir à un vocabulaire musical qui remonte à son album +A la Belle de mai+, qui suit la narration du texte. C’est un auteur incroyablement attendrissant », commente devant des journalistes tassés sur de petits bancs d’école Bertrand Lamblot, co-réalisateur de l’album. 

« C’est un chanteur vrai, on a tout fait pour qu’il chante avec sa gouaille, pour mettre sa voix d’aujourd’hui en valeur », complète Thierry Geoffroy, l’autre réalisateur.  

Renaud en est où avec la boisson? Il répond en chanson. « Autrefois, on l’appelait, Renaud le renard/Mais depuis qu’il boit du lait, il est bien plus peinard » entend-on dans « Les animals ». 

« Poch’tronner ça vous allume (…) J’connais un pote chanteur/Qu’a paumé dix ans d’sa vie/Dix ans d’errance, de malheur/Dépression, hypocondrie », balance-t-il sur un très rock « On va pas s’laisser pourrir ». 

Il apparaît ici réconcilié avec lui-même: « Mes copains ont de drôles de noms/Mais mon préféré c’est Renaud/Ça rappelle de jolies chansons », dans « Mes Copains ». 

Le visuel de l’album fait fort. Dans la vidéo de « Les animals », le chanteur en chair et en os, perfecto et santiags, côtoie des personnages de dessin animé signé Zep, célèbre auteur de la BD « Titeuf », associé à l’album.  

– Poème pour sa fille – 

Les engagements n’ont pas changé. Renaud est toujours opposé à la tauromachie. Et, c’est polémique mais pas nouveau, le « chanteur énervant » affiche son soutien, au revers de sa veste en cuir, sur un badge, à Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998. 

Comme un bras d’honneur à tous ceux qui l’ont enterré trop vite, Renaud, dans ce clip, vole à un moment sur le dos d’un phénix, un de ses nouveaux surnoms, et symbole de résurrection, aux côtés de son jeune double de cellulose avec sa panoplie standard foulard rouge/marinière/santiag. 

L’album porte la griffe Renaud, celle du lexique des mômes avec une poésie née des mots écorchés comme leurs genoux. Comme quand il entonne « C’était une super ambiance/J’y revenirai » dans « Parc Montsouris ». 

Mais Renaud ne se cantonne pas qu’aux écoles et lycées, comme dans « C’est la récré », et le Renard égrillard surgit avec « Pin-Pon », histoire d’un « pompier astiqueur » qui « rencontra une dame/qu’avait le feu au fion ».  

Le Renaud au grand coeur dédie aussi un beau poème à sa file avec « L.O.L.I.T.A ». 

La suite logique, c’est la tournée. Aucune date n’est avancée mais le chanteur ne s’en cache pas. « Pour qu’une chanson vive, il faut qu’elle soit chantée sur scène, c’est plus vivant, il y a plus d’émotion, a-t-il insisté sur RTL ce mercredi. Et puis je rigole bien avec le public, un public formidable. Il ne m’a jamais lâché, trois ou quatre générations. Ils sont toujours là, moi aussi ». 

  

Source : L’Express