Renaud à la recherche des idéaux perdus
Coluche lui manque et aussi Gainsbourg avec ses appels à deux heures du matin. Docteur Renaud, à la recherche de ses idéaux perdus, soigne les blessures de Mister Renard, tombé dans le Ricard. Pourtant l’auteur de Mistral Gagnant a refait surface le temps d’un très bel album nourri de quelques révoltes et de douleurs très personnelles. Boucan d’enfer est une renaissance. Eric Guéret et Didier Varrod l’ont écouté se confier et réagir devant le film très complet de sa vie dans un documentaire sensible et juste.
« Je suis un mec de cinquante balais un peu revenu de tout, un peu désabusé par la vie. En ça, beaucoup de gens se reconnaissent dans mes chansonnettes. Dans tout être humain, il y a un côté sombre et lumineux. Moi ça m’a pris au coin de la rue avec un amour qui s’étiole. La nostalgie des années de grands idéaux se le dispute aux années d’enfance: J’ai eu une enfance douce comme le miel. »
Renaud salue ses parents, son père artiste-écrivain, ce grand-père éminent helléniste, auteur d’un dico de grec ancien, et cette arrière-grand-mère, amie de Rimbaud. Il salue aussi sa mère, enfant des corons et des mineurs de fond, à l’image de Germinal. Renaud est le fruit d’un socialisme bon teint et d’un prolétariat rouge. Ses années Sorbonne au sein du groupe des gavroches révolutionnaires, ses débuts dans la rue, sa rencontre avec Patrick Dewaere et Coluche, son engagement auprès de Greenpeace, ses désillusions en Russie et son soutien à Mitterrand…Le rebelle au foulard rouge aurait aimé rester idéaliste. Hugues Auffray fut sa première idole mais dans un monde consensuel, Renaud a du mal à se trouver: « J’aime les causes qui divisent plus que celles qui rassemblent. L’artiste doit être quelqu’un qui dérange. Je suis autodestructeur mais pas suicidaire. »
Source : TV Magazine